Merci de votre lettre. Nous nous inquiétons un peu de votre long silence. Rien de grave, j’espère ?
J’ai corrigé et renvoyé à D.A. [Dominique Aury] les épreuves de la note sur Lo Duca. Oui, ce livre est assez décevant. J’ai essayé de le dire avec ménagement.
J’ai un peu lu Larbaud, il y a vingt ans, trop peu sans doute, ou trop tôt : en fait, cela ne m’a pas fait très grande impression. Mais Moucky m’assure que j’ai tort, qu’elle lui garde un profond attachement, un peu comme (et pour les mêmes raisons que) Nimier.
L’avenue de Camoëns me pèse toujours. Nous cherchons activement une bicoque banlieusarde. Ce n’est pas facile : ce qu’on trouve est ou trop cher, ou trop loin, ou inhabittable. Mais nous ne désespérons pas. Si, dans les 2 ou 3 mois qui viennent, nous n’avons rien trouvé (3 pièces, de 25 à 50km de Paris, à proximité d’un train, et qui ne dépasse pas 2½ à 3 millions, payables moitié comptant, moitié à terme : il paraît que cela existe), nous nous résoudrons à faire bâtir, fût-ce assez
(Si je vous donne ces détails techniques, c’est pour le cas – improbable – où vous entendriez parler de quelque chose. Ce million et demi, c’est le produit de la vente par Moucky à sa mère des actions qu’elle possédait dans l’usine familiale (1 million) + 500.000 fr [francs] que ladite mère consent à nous prêter (à 4 %…) Nous pourrions encore réunir 500 autres mille francs, en cas de besoin, dans l’immédiat, et produire les garanties nécessaires pour les règlements ultérieurs.)
Où a paru Fort Frederick , de Françoise des Ligneris ? Chez Gallimard (qui ne m’envoie autant dire aucun livre) ? Comment le lire ?
Oui, j’ai pensé à mon livre à Gilly, et j’y pense toujours. Mais comment trouver le loisir de l’écrire ? Il faut sans cesse chercher, trouver, accepter des besognes « alimentaires » – d’autant que si Dimanche-Matin n’est pas (encore) mort, les payements y sont aléatoires (et depuis ce mois-ci réduits de 25%) et que le Bulletin de Paris change de formule et ne publiera plus désormais de comptes-rendus de livres (je m’y « faisais » de 10 à 15.000 fr [francs] par mois). Il faut donc boucher
Pourtant, j’aimerais bien l’écrire, ce livre. Vous ai-je dit le titre auquel je m’étais finalement arrêté : Je refuse de jouer .
(Lily P. [Pilotaz] vient à Paris, le 21, pour le remariage de [Zouzou?].)