Grignan, le 16 VIII [1955] Cher monsieur,
je n’oublie pas que, grâce à vous, notre dernier jour à Paris fut éclairé par ce feu d’artifice (ce que j’aimais surtout d’ailleurs, c’était, entre deux merveilles, la fumée à travers laquelle on voyait les artificiers s’affairer). Merci.
Je passe en ce moment près de neuf heures par jour sur l’Odyssée dont le manuscrit doit être livré à la fin du mois ; encore une insomnie cependant, et je pourrai vous envoyer une ou deux pages pour le numéro Claudel.
Mais je vous écris surtout pour ceci : des textes parus dans la revue, ceux de Remizov me touchent toujours profondément ; et, comme j’ai plaisir à utiliser les vastes espaces que m’accorde la Gazette de Lausanne à parler des gens dont on ne parle jamais, il me faudrait savoir, assez vite, s’il existe des livres de Remizov traduits (je le crois) et où je les trouverais : vous pourrez me renseigner sans doute mieux que personne, je vous en remercie sans attendre davantage et vous envoie mes meilleures salutations
Philippe Jaccottet