Pension Elise. Grasse Alpes Mar.
Je suis conquis, subjugué – comme aucun de vos ouvrages n’a jamais pu le faire.
Vous m’avez plongé en plein drame et j’en éprouve un vérittable ravissement : je m’abandonne à une adhésion totale. La plupart de ces poèmes en prose me touchent très personnellement.
Vous avez transformé des expériences vécues en morceaux de littérature pure, d’un grain plus serré que celui d’aucun sonnet.
Sans doute, il fallait qu’il y eut d’abord le Cornet à Dés, et l’Opium de Cocteau, et Orpaillargues, par exemple, rappelle le ton de Raymond Roussel – mais personne n’avais jamais mis au point, avec une pareille perfection, ces armes à double tranchant, ces contes si exacts qui parfois tournent le coeur et qui toujours fascinent l’esprit.
Je vis ici, à Grasse, dans un milieu d’industriels (matières premières pour parfumeries, dit le papier commercial)
Je suis tombé malade en Janvier - ne me demandez pas de quoi, les médecins n’en savent rien. C'était une fièvre incendiaire et capricieuse dont je garde un excellent souvenir, mais à laquelle a succédé une convalescence nauséabonde et accablante, dont je commence tout juste à émerger. Je conçois en même temps la chance qui m’est échue de vivre en Provence pendant quelques semaines. J'occupe, sur la route de Cabris, une cellule suspendue devant un paysage sublime. Si vous étiez à Juan les Pins, je courrais vous y rendre visite.
J'ai beaucoup pensé à vous quand j’étais malade : je sais par expérience ce que font souffrir les maux d’yeux. J'aimerais savoir comment vous vous en êtes guéri.
Je travaillerai pour vous dès que j’en serai capable. Merci encore pour les admirables C.C. [Causes célèbres] -
Je vous serre les mains avec beaucoup d’affection