Je crains bien que vous ne m’ayez pas entendu. Il y a quelques mois pour un numéro du groupe Graphies (dont je vous avais parlé) je demandais des poèmes à Ungaretti. Et bien que je ne sache pas l’italien Ungaretti décida que j’en ferais la traduction – en sa compagnie. Ce dernier point me décida. Et je vous supplie d’être assuré que s’il y a quelques beautés dans la version française elles sont dûes à Ungaretti. Cependant, comme j’avais osé certaines formes qui semblaient lui plaire, et qu’il m’arrivait de m’inquiéter à leur propos, je suggérai à notre ami de soumettre le texte à vous dont la sévérité est connue, et dont je n’avais à redouter nulle complaisance. Ce n’est que pour cela que je vous ai adressé ces textes – et nullement pour solliciter une publication. Vous m’embarrassez bien en me parlant de publier. D'abord parce que je ne renonce pas à mon numéro de Graphies. Ensuite parce que le texte d’Ungaretti m’ayant été remis comme un tout je ne me reconnais pas le droit d’en laisser couper la moindre ligne. Enfin parce que dans l’état où elle est cette traduction réclame encore réflexion.
D'autre part il semble que votre projet de publication soit plus avancé que le mien. Je ne sais si j’ai bien le droit de frustrer Ungaretti d’une publication qui aura naturellement plus d’audience que celle que j’arriverai peut-être à sortir. Me voilà indécis. Mais il me semble que vous pouvez aisément vous passer de joindre ces textes à ce que vous avez déjà.
Ce sont vos conseils sur le texte même que j’ose encore réclamer. Pardonnez-moi. Et croyez-moi fidèlement
ancienne villa la Forêt
c/o Mr Biesla
Le Pyla Gironde.