Que vous ayez pris la peine, cher ami, de vous penchez sur mes misères avec une sollicitude aussi appliquée, aussi compréhensive, et un si évident désir d'être efficace, est une preuve d'amitié qui me touche vraiment beaucoup. Le sous-entendu « J'y étais, telle chose m'advint » confère à vos conseils une valeur impressionnante, et je les prends très au sérieux. Mon médecin aussi (le docteur Châtenoud, de Nice, un fidèle abonné de la N.R.F. et un de vos plus anciens lecteurs, habitués à porter attention à tout ce qui vient de vous...) J'ai commencé aussitôt par une offensive en règle contre cette perpétuelle lassitude, - qui n'a rien de douloureux, mais qui est presque pire qu'une souffrance localisée, par son action quotidienne, insidieuse, obstinée, à laquelle le moral résiste bien difficilement. Donc, j'ingurgite, à chaque repas, des doses massives de carottes rapées largement arrosées de jus de citron ; je déteste ça, mais l'espoir que
Depuis une quinzaine, je suis un nouveau traitement – après tant d'autres - , et il me semble bien constater une amélioration, (la première depuis le début de décembre !). J'ai pu, sans dommage, réduire de moitié l'absorption de l'aspirine ; et la mise en marche du matin, qui exigeait quatre ou cinq heures de gémissants efforts, s'accomplit maintenant entre 7 et 10H, avec une diminution sensible des douleurs. Ces piqûres, un peu compliquées parce qu'il y a 3 ampoules différentes à amalgamer dans la seringue, sont essentiellement à base d'iode et de soufre, à quoi s'ajoutent quelques subtiles dilutions, d'un usage moins ancien... Est-ce enfin - carotte aidant - la lueur au bout du tunnel ?
Mes journées de malade sont courtes ; mes possibilités d'attention très limitées. Je n'ai pas encore lu la revue de mars. (On m'écrit grand bien de « la Présidente ») (Et je suis d'avance bien curieux du Robbe-Grillet.)
Excusez mon égocentrisme si peu camouflé. « Les ans en sont la cause »... Affectueuses et reconnaissantes amitiés,