BELLÊME
TEL.28 ORNE
n’était l’ennui et le temps qu’elle vous a coûtés, je me réjouirais de l’existence de cette longue et amusante lettre de vous. Ce n’est pas, en tout cas, de la « copie » jetée aux sansonnets... Car je la garde précieusement,- pour qu’elle tombe, après moi, entre les mains pieuses d’un de vos hagiographes, et lui apporte une source - sans doute unique – de renseignements sur l’organisation compliquée et suprêmement méthodique de votre bureau, et sur l’inventaire de votre surabondant mobilier de travail ! Document non négligeable pour l’un des nombreux « J.Paulhan intime », inattendus et contradictoirement révélateurs, que l’on ne manquera pas d’écrire, avant et après la pose de la plaque commémorative sur la maison de la rue des Arènes... Mais n’anticipons pas !
Quant à l’ »objet » de cette minutieuse et humoristique relation, que voulez-vous ? Rangeons-le parmi les Enigmes de l’univers, comme un irrécusable témoignage, hélas, des Limites ou connaissable ; et passons outre ! Il ne me reste plus qu’à pondre, à destination Jean Morand, la lettre explicative et penaude que je lui dois depuis trois mois ; et je crains qu’il me pardonne difficilement d’avoir disposé ainsi d’un texte qu’il m’avait très confidentiellement laissé lire... C'est un « écorché vif »... Dieu sait pourtant que mes intentions... !
(« On » retrouvera, d’ailleurs ; ces deux chapitres. Je le sais, maintenant : vous avez trop d’ordre pour les avoir jetés. Il est évident qu’ils se sont glissés en parasites dans quelque autre dossier ou manuscrit... « On » les retrouvera ! Mais, comme ils ne portent aucune indication de noms, de provenance, ni de doute, si ce n’est pas vous qui les retrouvez, comment nous reviendraient-ils ?)
N'y pensez plus, cher ami. Ne m’en veuillez pas trop longtemps d’être la cause involontaire de tout cet irritant grabuge...Mes sympathies à votre femme, dont la santé, j’espère, ne souffre pas trop de cette humidité perpétuelle ? Et très affectueusement vôtre