Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Roger Martin du Gard à Jean Paulhan, 1934 Martin du Gard, Roger (1881-1958) 1934 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1934 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
[1934]

1

Zut, je donne ma langue au chat, hermétique et sibyllin ami ! Est-ce la claustration à Cassis qui me rend obtus ? Je demande là-dessus un arbitrage. Mieux vaut que je sache toute la vérité…

R.M.G.

2

Cher ami, ne vous souvient-il pas d’une dispute (ce fut votre dernière collaboration à la nrf) où vous opposiez l’un à l’autre, pour mieux écraser le premier, l’habitant des villages et l’habitant des villes ? L'origine de la dispute était un livre appelé vieille France, qui ne mérite pas d’être oublié, fût-ce par vous. Bien des affections J.P.

le 14.

Cher ami, ne faut-il pas reconnaître (sans aucun esprit de dispute) que le seul multi-millionnaire qui jusqu’ici se soit montré généreux, spirituel et pas ridicule est le meunier, le paysan ? Beaucoup de souvenirs affectueux de

J.P.

3

Comprends toujours pas. D'abord c’est le paysan et l’ouvrier que j’avais « opposés » ; le petit village perdu, et le faubourg populaire des grandes villes. Et puis, je n’y tiens guère à mon « opposition ». Là, comme ailleurs, mon incompétence en tout m’apparaît chaque jour plus accablante ! Mais que vient faire la multi-millionnarité ? Le seul « meunier » que je trouve « spirituel », c’est celui de La Fontaine. J'en connais un tas d’autres, dans les campagnes, qui sont d’odieux forbans.

Mais tout de même. Si obscure que soit pour moi votre pensée, c’était une pensée vers moi : et j’en suis très vraiment touché. Affectueuse accolade !

RMG.