Cher ami, je réponds aussitôt.
1°. Votre appel rédigé avec une si Paulhanesque discrétion qu’on ne sait trop ce que vous souhaitez… qu’on vous trouve des mécènes ? Ou qu’on envoie quelques subsides à la caisse ? Pour les mécènes, des amis de vingt ans comme moi n’en ont guère de disponibles ; tous ceux qu’on pouvait orienter vers la N.R.F. le sont depuis longtemps et je ne vois personne à vous indiquer. Pour les subsides, nous pouvons tous faire un petit effort, – même ceux qui, comme moi, et Gaston vous l’a dit peut-être, vivent intégralement de l’avance mensuelle consentie par ledit Gaston. Deux, trois cents francs ne
2°. Pour l’Illustration.
J'y ai un vieux camarade, Robert de Beauplan. Informez-vous. Si son appui peut-être utile (il est depuis avant la guerre dans la boite) je peux très bien lui écrire. Mais il faudrait que vous me donniez des précisions sur ce que vous désirez obtenir, et que la démarche ne soit pas vague. On n’obtient quelque chose de cette sorte de gens qu’en disant nettement, et du premier coup, tout ce qu’on souhaite d’eux.
Nous avons trouvé à Nice un rythme de vie parfait. Je n’y vois personne, c’est délicieux. Le travail marche assez bien. Nous avons un « petit meublé », l’épouse fait la popote, je n’ai pas à bouger, je ne sors que le soir, à la fraîche ; le climat est exquis, le spectacle de la rue pittoresque et sans cesse changeant. Que la révolution ou la guerre nous délogent le plus tard possible ! Amen.
Bien affectueusement vôtre,