Cher ami, je m’en veux de ne jamais vous écrire que pour des raisons utiles, mais c’est ainsi. Ce doit correspondre à de secrètes lois…
Voici. Connaissez-vous Henri Rohrer ? Je me duis beaucoup lié avec lui à Cassis, où nous avons vécu côte à côte plusieurs mois. Peut-être l’avez rencontré chez Gide ?
Difficile de vous le présenter en trois lignes. Origine suisse ; naturalisé français. Esprit critique, (et dont la direction est, je crois, littéraire.) Mais, depuis plusieurs années, s’est consacré à l’étude des relations Chine et Japon, sur quoi il prépare « l’ouvrage » décisif. Peut-être avez-vous lu dans Esprit (le n° où Viollis publiait son Judo-Chine) un long article de Rohrer sur la Mandchourie et la façon dont l’opinion européenne est trompée ? Un article qui a été très commenté.
Enfin, faîtes moi confiance. Rohrer est un type d’esprit particulier, et remarquable.
Bref, ledit Rohrer me charge de vous proposer une note un peu longue (ou, si vous voulez, un court article) sur un livre capital qui vient de paraître à la « Renaissance du livre » : Grasset : La pensée chinoise
Je crois – informez-vous – que Rohrer est on ne peut plus qualifié pour traiter ce sujet avec son expérience des problèmes chinois ; et qu’il fera quelque chose de bon.
Tâchez de dire oui, ça me ferait plaisir.
Il faudrait alors faire parvenir le livre à Rohrer (rue Pasteur, Cassis, B. du Rh) et lui fixer une date (Ceci, entre nous, car je le connais ; il est tellement consciencieux que si vous ne lui donnez pas un délai, il travaillera la question pendant six mois avant de lâcher son article…)
Bien affectueusement vôtre cher ami, et d’avance merci, même si c’est non…