Paillart m’a envoyé les 25 tirages à part que je lui avais commandés par votre entremise. Ils sont présentés le mieux du monde, et j’ai enfin, de cette petite chose, une édition nette et sans prétention, qui me satisfait tout autrement que les semi-luxe qui la montent en épingle. Merci. Point de facture dans le paquet. Je pense que Paillart se fera payer à la N.R.F., sur mon compte, comme il a été convenu. Si maintenant votre caisse, épargnée par Oustrie, pouvait m’envoyer un peu d’argent, je serais tout à fait heureux… (Voici deux mois et demi que nous vivons, deux, dans cette clinique, et vous pouvez deviner qu’avec les soins médicaux, c’est un trimestre… catastrophique!)
Mais enfin je sais qu’il y en hélas de plus intéressants que nous. Et si ce n’est pas possible pour le moment, je m’arrangerai.
J'en ai parlé impossible !
Encore un bon numéro, celui de mars. J'ai sauté le Maurois, pour le lire dans sa totalité, plus tard. Mais il y a dans le Jouhandeau, à plusieurs endroits, ce que je préfère dans ses qualités. J'avoue que j’ai beaucoup de goût pour le « Cyclone à la Jamaïque » ; la première partie, notamment, était frappante. Le Fernandez m’a fait réfléchir profitablement, comme toujours quand il parle concret ; je pense tellement, comme lui, qu’il doit y avoir, dans tout bon roman, un « appeal » particulier, un « tirage », un fort courant d’air qui aspire l’intérêt et tienne le lecteur en haleine ; toutes les
J'ai pris aussi beaucoup de plaisir à la note de Gab. Marcel sur le [Barnig?], (quoique je ne l’aie pas encore lu). Et à la mode de Schloeger.
Et j’ai fini par découvrir, en caractères lilliputiens, au bas d’une page, quatre lignes et quart du plus pur Paulhan, une cinquantaine de mots choisis et tous pesés à la plus exacte balance, où les initiés perspicaces peuvent apercevoir une importante promesse de réforme et toute une révolution de palais… Mais il est bien impossible d’empêcher les gens d’esprit d’en faire au dépens d’autrui ; témoin la pointe, excellent d’ailleurs, et méritée sans doute qui termine si plaisamment la note sur St Augustin !
Le bulletin de santé du Mans est, malgré tout, meilleur. Dès que je vais être transportable, je vais filer dans le Sud. (J'avais même, un moment, songé à demander hospitalité à Port-Cros… Mais mon frère met à ma disposition un minuscule petit mas qu’il a en Languedoc, trois pièces à l’extrémité d’un village de 15 masures, sur une crête inaccessible battue de mistral, un véritable refuge d’isolement, de silence, de soleil. Et rien ne peut être meilleur pour nos nerfs, encore assez éprouvés. Sans compter qu’on a, des trois fenêtres, vue sur le plus paisible des panoramas que domine le Ventoux.)
Voilà, cher ami, les dernières nouvelles. Je vous serre les mains, bien affectueusement, et vous prie d’offrir mes hommages à Madame Paulhan.