BELLÊME
TEL.28 ORNE
Je suis reparti de Paris sans avoir pu mettre à exécution le projet d’aller vous voir – projet auquel je tenais encore davantage après notre inattendu et brutal télescopage sur le trottoir du [Vaucau?]. Ce sera pour le prochain voyage. Je vous aurais dit tout le bien que je pense de la N.R.F. d’automne. Je l’ai dit à Gaston, un soir, entre poire et fromage, mais il ne vous l’a sans doute pas communiqué.
Ceci est d’ailleurs, un peu, comme disent les médecins, pour vaseliner l’orifice... j’a i en effet une requête à introduire :
Je voudrais bien que vous fassiez lire à l’un de vos « noteurs » le dernier livre de Madeleine Gautier. « Crise » (Charpentier, nov. 29) Oh, ce n’est pas un chef d’oeuvre. Et si la revue ne parlais que de chefs d’oeuvre, je ne demanderais rien. Mais il me semble que a des dons, et qu’une intelligente critique la corrigerait de ses défauts. (Elle a, selon moi, des qualités solides, rares, secrètes, et des défauts voyants, mais superficiels.) Il est peu juste de la laisser dans l’ombre, comme on fait, parce qu’elle est malade et fière, vit à Marseille, et ne demande rien.
Comprenez-moi. Je n’insiste nullement pour que la N.R.F. juge ce livre. Mais, si l’occasion s’en présentait, ce serait bien.
A propos des « notices », vous n’avez guère fait de place à L'Ame obscure de Rops ! Cela m’a paru injuste,- et maladroit... Faîtes-vous si grande différence de valeur entre l’Ame obscure et l’Ordre ?? L'Ame obscure est le type de roman de début, un pot-pourri de réminiscences, de confessions et d’épisode inutiles. Mais je crois voir, dessous, d’assez fortes promesses. (C'est vrai que je n’ai aucun sens critique!)
J'aimerais mieux diriger la Conférence Navale que la N.R.F. C'est vous dire si je vous admire ! Mais on est toujours plus poussé aux reproches qu’aux éloges...
Autre reproche que j’oubliais : Pourquoi Alain vous donne-t-il toujours le moins bon de ses Propos du mois ? Est-ce une gageure ?
Mille bonnes amitiés fidèles