BELLÊME
TEL.28 ORNE
J'ai bien reçu votre envoi. Merci pour mon manuscrit. Et merci aussi de m’avoir permis de lire celui de l’inconnu. J'y ai pris un plaisir extrême et n’ai rien fait d’autre à partir du moment où j’ai commencé cette lecture : mon après-midi y a passé. C'est une oeuvre prenante et fraîche, souriante comme ruisselet au soleil, juste acide comme il faut, et qui me laisse un souvenir étrangement précis. Je la renvoie, anonymement,à Henri Pourrat, comme m’y invitait votre étiquette.
Je n’ai encore mis le nez dans le Vallès. Mais j’en attends tout ce que eme année
« Malaisie » m’a beaucoup frappé. Contrairement à mes habitudes, je l’ai lu morcelé depuis le n° de juillet, parce que je l’avais commencé et que je m’y étais laissé prendre très fortement. Félicitations ; voilà une excellente découverte.
J'ai pris grand intérêt aussi à l’article de Fernandez sur la Révolution. Il a su se mettre hors et au-dessus d’un sujet brûlant d’actualité ; ce qui est si difficile, si rare.
Moins emballé par Luguè Poè... J'ai bien aimé les souvenirs de Lacretelle sur France. Il y a en Lacretelle un souci du mesuré et de l’équitable, qui toujours me touche.
J'ai horreur de vos notules ! Horreur !! Ce clan des parents pauvres est injurieux au possible ; et le devoir d’une revue vis-à-vis des jeunes est, à mon sens, tout autre. Cette innovation vous fait commettre cent injustices ; et ça décale toute votre influence en critique car vous consacrez de grandes notes à des livres d’amis, quelquefois insignifiants, souvent de bien moins grand mérite que ceux qu’on exécute dédaigneusement en notules. Grief personnel : on y a très injustement saboté le livre de Chauveau. Mieux valait n’en pas parler du tout ! Ceci dit, pour vous montrer que je reste l’ami bourru que vous savez, je vous redis tous mes sentiments fidèles et affectueux et vous prie d’offrir mes hommages à Mme Paulhan. Vous me réservez toujours une place dans le n° de février, n’est-ce pas ?...