Mon cher Paulhan – ma lettre était à peine partie que je la regrettais amèrement – Je veux dire que je regrettais de vous l’avoir écrite, - (car ce que j’y dis, je le pense, après tout...) Mais, j’y ai encore réfléchi, ce serait une insigne maladresse que de laisser paraître La Gonfle, en revue, et surtout avant les nouveaux volumes des « Thibault » - Ceci est une opinion très ferme, que j’ai toujours eue, depuis des années (La Gonfle est de 1924). C'est une façon de voir qui se peut ressemblante. J'ai deux ou trois jours de défaillance. Dont j’ai regret. Et j’ai surtout regret de vous avoir sottement mêlé à tout ça.
Oublions, oublions. Renvoyez-moi mon manuscrit, bien recommandé. Ne me prenez pas pour un farceur : en général, je sais bien ce que je veux, et les faux-pas de ce genre sont exceptionnels dans la marche de ma vie -
Ne me marchandez pas non plus votre affectueuse confiance, qui m’est chère – Et croyez-moi bien fidèlement vôtre,
Je fais l’impossible – 3 kil à pied – pour que cette lettre-ci rejoigne le courrier de l’autre !