Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Roger Martin du Gard à Jean Paulhan, 1927-07-07 Martin du Gard, Roger (1881-1958) 1927-07-07 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1927-07-07 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
-7 juillet – 1927

Bien cher ami. J'aime beaucoup vos réactions, décidément – et chaque fois que nous avons l’occasion de nous « disputer » un peu, je me sens davantage attiré vers vous et j’en rapporte toujours plus grande sympathie.Ce serait donc un peu profitable pour moi, s’il ne vous faisait tant perdre de temps. Et je suis confus de voir la peine que vous prenez à me répondre si complètement. Sachez au moins que cet effort m’a convaincu. Vos raisons sont bonnes. (J'aimerais encore mieux que, tout en ayant le droit de lancer des pointes au Mercure et à Rouveyre, la N.R.F., planant en des cieux sereins, ne l’eût pas fait. Mais je vis loin de l’action, et peut-être ces petites ruades sont-elles nécessaires. En tous cas, j’en admets la légitimité).

Pour ce qui est du cas Maury, je suis comme vous, j’ai trouvé son article ridiculement abstrait et pour moi en partie incompréhensible. Je vous avoue franchement qu’à votre place je le lui aurais rendu pour être transcrit en langage clair. Il a de grandes qualités de pensée et une langue concise ; mais ces avantages naturels l’ont entraîné, cette fois, à barboter dans les ténèbres. Je n’ai pas pu me retenir de lui écrire que ces pages sibyllines m’avaient complètement déçu et fâché.

(Je persiste pourtant à croire que, ces qualités mêmes, si rares parmi les « écrivains politiques », jointes à son expérience de l’Europe, feraient de lui, par intermittences, un précieux collaborateur politique de la N.R.F. - Et juste dans la mesure où il faudrait, de temps à autre, un note politique dans la N.R.F. - Mais je reconnais que cet essai n’a pas été encourageant. Et je suis très marri d’y avoir été pour quelque chose)

Vous voyez combien nous sommes d’accord !

Je me persuade pour ma tranquillité de conscience, que vous ne gardez aucun sentiment de contrariété pour mon intervention intempestive et insuffisamment renseignée. Je tiens beaucoup et de plus en plus à votre amitié. La mienne se consolide à chaque occasion de rencontre, ou même de heurt... Ne m’en veuillez pas d’avoir le sursaut un peu facile, souriez-en sans amertume, et ne doutez pas de ma confiance. Très affectueusement

Roger Martin du Gard