26. X.58.
Chère Marie-Anne
C’est une aggravation de la maladie de GermaineGermaine Paulhan souffre de somnolences proches du coma (cf. notices biographiques, site de la SLJP)., qui m’a retenu à Paris tout cet été. Me voilà du coup bien exténué, sans compter toute la préoccupation que me donne ma P. M.[Peinture Moderne ?] (sur le point, j’espère malgré tout, d’être achevée). Pour le moment, je me repose à la Vallée aux Loups, sous les tulipiers et catalpas plantés, avec un soin émouvant, par Chateaubriand (qui du coup me devient sympathique. Sans compter que les Mémoires inédits de VignyAlfred de Vigny, « Mémoires inédits » (la NRF, n°70, octobre 1958)., que donne la nrf, sont loin de valoir ceux d’Outre-Tombe. C’est que Ch[ateaubriand] se réjouissait des malheurs. Une certaine cruauté va bien à l’homme de lettres.) Mais que Cargèse me semble beau ! Que j’ai envie de le voir enfin !
Vous avais-je dit que j’avais préparé pour la NRF un « hommage à Benjamin » qui comprenait avec la conférence sur Balzac six ou sept témoignages. Il a été refusé, et j’en suis peiné pour cent raisons. Que faire ? Puis-je vous le remettre ?
Je me sens un peu fatigué, un peu accablé. Mais je suis à vous bien affectueusement
Jean Paulhan.
[Carte postale « AKAHITO, un des 36 poètes immortels du Japon. Détail d’un émaki attribué à Fujiwara Nobuzane, mais plus probablement du XIIIe siècle »]