Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Jean Paulhan à Marie-Anne Commène, 1936-12-18 Paulhan, Jean (1884-1968) 1936-12-18 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1936-12-18 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

nrf

Lundi

Chère amie,

Merci. A présent, le début me paraît excellent.

Je ne crois pas avoir jamais changé de sentiments à l’égard de Marcel. Il s’est montré avec moi, à deux reprises, d’une violence parfaitement injuste (la première, pour se plaindre à nos amis communs d’une réserve que j’avais faite – dans une lettre à lui adressée – sur le Monde casséGabriel Marcel, Le Monde cassé suivi de Position et approches concrètes du mystère ontologique (Desclée de Brouwer, 1933). ; la seconde fois, pour se plaindre du retard avec lequel paraissait dans la nrf la note sur ce même MondeLa note sur Le Monde cassé paraît dans le numéro de septembre 1934. – que j’avais demandée, sur son conseil, à Julien LanoëJulien Lanoë (1904-1983).). Cela, sans aucune importance. Mais voici qui en a un peu : c’est le ton sur lequel il semble que Gabriel Marcel parle ordinairement de la N.R.F. Par exemple :

X – La note de la nrf sur RégnierLe poète Henri de Régnier était mort en mai 1936. Une notice nécrologique était parue dans le numéro de juillet de la NRF sous la signature collective de Jean Guérin. était ignoble.

Marcel – Attendiez-vous donc autre chose de la nrf ?

ou bien

« Je n’ai, pour moi, aucun doute sur ce point : la Nouvelle Revue Française reçoit de l’argent de Moscou. »

Ainsi de suite. (Et à peine ai-je écrit ces mots, qu’il me devient tout à fait impossible de croire qu’il ait pu accepter, ou répéter – fût-ce sur le ton de la plaisanterie – une calomnie aussi idiote. Ce qui m’embarrasse le plus, c’est le sérieux, la conviction de ceux de nos amis qui me rapportent – et justement avec indignation – ces fragments de conversation. Mais vous le savez comme moi. Et puis, je me dis que Marcel n’est pas moins naïf qu’il est violent, que sa critique littéraire entre autres (et je ne parle pas de son occultisme) se précipite avec joie dans les pièges les plus grossiers, et qu’enfin il n’est pas tout à fait incapable…

Au fait, si vous lui montriez les deux premières pages de cette lettre ? (Je le voudrais bien.)

Avec beaucoup d’amitié.

Jean P.

M. SavinMaurice Savin (1905-1978) avait fait dans le numéro d’août 1936 de la NRF une note sur la pièce de Romain Rolland, pour 14 juillet (Maison de la culture de l’Alhambra). est professeur – vingt-cinq ans – ami et disciple d’Alain – normalien – petit et trapu. Mais non, sa note n’était pas aigre. (Elle m’a paru beaucoup trop tendre.)

Je ne voudrais pas du tout être méchant mais c’est toujours quand il vient de publier un livre que G.M. [Gabriel Marcel] montre le désir de se réconcilier avec la nrf.Gabriel Marcel venait de publier une pièce en trois actes, Le Dard (Plon, 1936).

Madame Marie-Anne Comnène

40, rue Denfert-Rochereau

E.V (5°)