[enveloppe en-tête NRF cachet 28/12/50 rue de l’Epée de bois]
Monsieur Jacques Debû-Bridel
95, B[oulevar]d Saint-Michel
Paris(5)
ceci un peu au hasard :
1. pour attendrir, s’il y a lieu, ce M. Chanlaine, peut-être pourrait-on lui rappeler que je suis un des membres fondateurs (n°16) de l’A[ssociation des] E[crivains] C[ombattants].
2. pour faire croire à Mme Marbo que j’écris honnêtement le français, il suffirait peut-être de lui dire que j’ai obtenu le Grand Prix de Littérature de l’Académie Française (1945)
3. pour montrer à M. Pierre de Gaulle que je suis dans les bons principes, il faudrait peut-être lui dire a/ que j’ai été l’un des deux fondateurs des Lettres Françaises ; b/ que j’ai reçu une aimable lettre de Charles de Gaulle ; c/ que je collabore à la revue gaulliste de Claude Mauriac, Liberté de l’esprit.
enfin, il a paru deux petits livres sur moi, l’un de Toesca (chez Dopagne) ; l’autre de Lefebvre (que Camus a fait prendre à la nrf).
Je vous ennuie mais je vous suis bien sincèrement reconnaissant : d’abord je serais fier de recevoir un prix qu’ont eu Martin du Gard, Fargue et Suarès. Puis (il faut l’avouer) ce prix me tirerait de pas mal de difficultés, en ce moment assez pressantes (et que viennent aggraver encore les soins que reçoit Germaine, le prix des médicaments américains, et le reste).
à vous, très affectueusement
J’ai écrit à côté de mes essais, des récits – mais qui sont à vrai dire, plutôt que des récits, l’un (le guerrier appliqué) un essai sur la guerre ; l’autre (les causes célèbres) un essai sur les morales et la moralité !