Excusez-moi de vous écrire si tard que nous n’irons pas à Port Cros; sans doute vous en êtes-vous déjà aperçus ? Il nous a vraiment été impossible d’entreprendre un autre voyage que celui de Knocke [Knokke-Le-Zoute?], d’où nous sommes revenus le 1er août. Depuis j’ai dû travailler sans discontinuer, faute de galette ; Suzanne a été quelque peu malade le mois dernier ; enfin nous avons cherché un appartement pour le terme d’octobre. Il est quasi trouvé (c’est à Colombes, dans un immeuble qu’on achève de construire), reste à fabriquer la galette pour payer le 1erde terme, et celui qu’on appelle de garantie afin de vous le soutirer immédiatement. Comme vous pouvez voir, la vie est décidément une aventure étrange ; et comme toutes ces belles occupations que nous avons font croire en Dieu !
J’ai vu [André]
Suzanne et moi vous remercions de l’hospitalité que vous aviez bien voulu nous offrir à Port-Cros, mais les circonstances ne nous sont pas propices, n’y pensons donc plus.
A bientôt ; ne vous pressez pas de rentrer, il fait ici un temps d’orage sans orage qui vous donnerait immédiatement une forte envie d’être ailleurs.
Cordialement àvous
Avez-vous vu les journaux qui annonçaient l’accident d’auto de Max [Jacob]
PS. J’oubliais aussi de vous dire que depuis le 12 16 ou 18 juillet, [René] Bonnel (3), quelques libraires et moi étions définitivement inculpés. Les interrogatoires de l’instruction ne commenceront qu’après la rentrée des juges, c’est-à-dire dans un mois au plus tôt.