BERNSON
VAU 19-49
8, rue Thureau-Dangin XVe
A Monsieur J. Paulhan
PILOTAZ
Lors de son séjour en Guinée mon ami Paul Pilotaz m’avait avertie de votre désir de revoir son manuscrit « Noirs, mes frères ».
J'en ai été très heureuse, car il me semble que vous, Monsieur, mieux que tout autre, sauriez reconnaître dans cette oeuvre des valeurs profondes, non encore accessibles à tous : Pilotaz écrit comme il plante ses arbres fruitiers en Savoir ou sa bananeraie en Guinée avec ses Noirs, posément, un peu maladroitement peut-être, mais avec un rendement sûr qui fait l’admiration des connaisseurs.
S'étant mis très tard à écrire (à la suite d’une consultation graphologique auprès de mon mari !) il reste encore en dehors des relations et des habitudes littéraires.
Mais je suis certaine, cher Monsieur, que d’être attentif à lui ne sera pas peine perdue, et que vos conseils lui seront précieux.
Sauf contre-ordre (VAU 19-49) je passerai à la N.R.F. demain, mardi, à 5 1/2h vous remettre le manuscrit, comme Paul Pilotaz vous l’avait annoncé il y a quelques semaines déjà.
Je m’excuse du retard et vous prie de croire, cher Monsieur, à l’expression de mes sentiments très reconnaissants