Ce Vendredi
J'ai relu vingt fois le message que tu m’as fait tenir. Vraiment, vraiment, TU es partout et je ne laisse pas quelquefois de me demander si je suis digne de ces quotidiennes attentions que tu me prodigues.
Barrault ? Bien sûr. Je vais tenter de lui écrire, seulement, avoue que son attitude n’est guère propre à m’encourager beaucoup. Vaille que vaille, je lui écrirai puisque ton geste m’y invite.
J'ai lu le livre de la Guilde que tu m’avais prié le jour même de ton départ : « Châteaux en enfance » (drôle de titre) par Catherine Colomb. Que t’en dire ? Un peu bien lent, un peu bien gris, avec, sans doute, quelques fusées de côté et d’autre. Dans l’ensemble ça ne me paraît guère bien convaincant.
Je t’adjure d’oublier l’affaire J.P. Un gros manuscrit ? Non, et quoi encore ? Que J.P commence par briller autrement que par son silence. Alors, que je [vais?]-je – mais alors seulement puisque tu sembles y tenir.
J'ai reçu une lettre magnifique de Madame Dominique Aury : « Il fallait dire tout de suite que vous aviez en horreur l’Immoraliste. Mais si vous voyez dans le dernier catalogues des livres de la Guilde
On ne saurait montrer plus de délicatesse. Que dis-je ? Plus de chaleur humaine. Bien entendu, je lui ai répondu que j’acceptais son offre – de grand coeur.
M. Lacasse, vieil homme de lettres un peu hibou, brûle du désir d’avoir le papier que tu lui aurais promis pour le prochain « Bulletin » des Arènes de Lutèce, [Locasse?] ou Lacaze – un nom comme ça. Tout me persuade en tout cas, qu’il tient à maintenir bien haut les fastes du Ve arrondissement.
Je continue de m’ennuyer beaucoup de vous (de Germaine et de toi-même).
Quand comptes-tu revenir ?
Je t’embrasse
Je te quitte pour relire ton message une fois de plus.