Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Roland Purnal à Jean Paulhan, 1951 Purnal, Roland 1951 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1951 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Ce Vendredi

5 heures du soir [1951] Cher Jean

J'ai relu vingt fois le message que tu m’as fait tenir. Vraiment, vraiment, TU es partout et je ne laisse pas quelquefois de me demander si je suis digne de ces quotidiennes attentions que tu me prodigues.

Barrault ? Bien sûr. Je vais tenter de lui écrire, seulement, avoue que son attitude n’est guère propre à m’encourager beaucoup. Vaille que vaille, je lui écrirai puisque ton geste m’y invite.

J'ai lu le livre de la Guilde que tu m’avais prié le jour même de ton départ : « Châteaux en enfance » (drôle de titre) par Catherine Colomb. Que t’en dire ? Un peu bien lent, un peu bien gris, avec, sans doute, quelques fusées de côté et d’autre. Dans l’ensemble ça ne me paraît guère bien convaincant.

Je t’adjure d’oublier l’affaire J.P. Un gros manuscrit ? Non, et quoi encore ? Que J.P commence par briller autrement que par son silence. Alors, que je [vais?]-je – mais alors seulement puisque tu sembles y tenir.

J'ai reçu une lettre magnifique de Madame Dominique Aury : « Il fallait dire tout de suite que vous aviez en horreur l’Immoraliste. Mais si vous voyez dans le dernier catalogues des livres de la Guilde un auteur ou un ouvrage dont il vous intéresserait de parler, y consentiriez-vous ? Jarry, par exemple ou Melville (Benito Cereno) »

On ne saurait montrer plus de délicatesse. Que dis-je ? Plus de chaleur humaine. Bien entendu, je lui ai répondu que j’acceptais son offre – de grand coeur.

M. Lacasse, vieil homme de lettres un peu hibou, brûle du désir d’avoir le papier que tu lui aurais promis pour le prochain « Bulletin » des Arènes de Lutèce, [Locasse?] ou Lacaze – un nom comme ça. Tout me persuade en tout cas, qu’il tient à maintenir bien haut les fastes du Ve arrondissement.

Je continue de m’ennuyer beaucoup de vous (de Germaine et de toi-même).

Quand comptes-tu revenir ?

Je t’embrasse

Roland

Je te quitte pour relire ton message une fois de plus.