J’aurais dû vous écrire beaucoup plus tôt pour vous dire toute la joie que j’ai eue à faire votre connaissance, à vous trouver si ressemblant à vos livres, au portrait que Véronique m’avait fait avec tant d’enthousiasme. J’aurais voulu m’excuser aussi d’avoir si mal profité de ces quelques heures tant attendues, d’avoir bavardé à tort et à travers, au lieu de vous dire d’abord, moins imparfaitement, notre profonde gratitude, de nous autres, les tôlards. Mais j’ai été obligé de quitter Paris 48 heures après notre rencontre. Et depuis que je suis arrivé à mon lieu de résidence, les embêtements se succèdent. Il paraît que je souille le sol glorieux de la Dordogne. C’est en tout cas ce que la presse communiste proclame avec un bel ensemble. Le ministère de
Nous vous tiendrons au courant de nos tribulations. Je vous avoue que pour l’instant je suis dans un état d’esprit plutôt fulminant, je m’étrangle de colères rentrées ; je ne pense qu’à Paris ; j’espère que j’arriverai tout de même à y faire une apparition de quelques jours dans le courant de septembre, à passer rue Sébastien Bottin, où il est indispensable que j’aie avec Gaston un
J’ai été heureux d’apprendre la résurrection de la N.R.F. J’espère qu’elle est imminente. Votre offre de collaboration m’a fait le plus grand plaisir. J’aurais tant de choses à dire, sans parler de tous les cartons bourrés que j’ai amenés de Clairvaux ! Mais je crains que ce qui me tiendrait le plus à cœur ne soit positivement impubliable. Vous seul pourrez m’éclairer. Je ne commencerai à revivre et à entrevoir quelques buts nouveaux que lorsque j’en aurai fini avec cet exil dans des cambrousses sans nom.
Dans l’incertitude où je suis sur mon prochain refuge, je ne puis vous donner d’autre adresse que celle de Montmorency, que vous possédez.
Cher Paulhan, Véronique et moi, nous vous adressons notre très amical souvenir.