Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Bertha Rhodes à Jean Paulhan, 1936-03-19 Rhodes, Bertha 1936-03-19 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1936-03-19 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
19 mars 1936

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Voici je suis prête à partir, presque je n’ai que mettre mon chapeau et fermé [fermer] les compteurs. Le taxi viendra dans une heure à peu près. Je chercherai Miss Thomas à la gare ensuite au bateau qui attend dans un bassin. Nous n’arrêterons pas avant Madère où nous devons être le 25, puis à Santa Cruz le 27 et Las Palmas le 28. On rentre le 5 avril, pas une très longue [un très long] voyage. Tu est [es] gentil de m’écrire. Je suis bien contente qu’il y ait d’autres pensionnaires. Merci de m’avoir proposé la promenade en Italie j’aurais accepté volontiers d’y aller si ce n’est que j’ai tant de choses à faire ce printemps et peut-être l’été aussi. Mrs Hazlehurst doit quitter Arthur le 15 mai, j’irai m’installer là avec Miss Thomas si elle est assez remise de sa fatigue. Je ne sais pour combien de temps il me faut y rester.

On m’a fait un projet de maison à Windermere mais comme on n’était pas très net sur la question de entretenir la chausse [chaussée] qui y mènera, j’ai consulté mon avoué qui va s’en occuper.

Ça aurait été très bien de voir Jean Dumas et sa fiancée aux îles Canaries comme me raconte ta Maman mais je ne vois pas comment il serait dans mon bateau à moins de venir à Liverpool.

2

C’est domage [dommage] que la pièce de M. Supervielle ne réussit pas mieux, il est sérieux Bolivar, pièce en trois actes de Jules Supervielle mise en scène à la Comédie française par Emile Bertin le 1er mars 1936.. C’est un homme bien gentil et intéressant malgré que sa poésie m’a déçu.

D’abord, je me suis dit voici une poésie que je vais comprendre, mais pas. C’est aussi glissante que le reste mais j’aime ses romans. Je trouvais le n° 1 Mesures de cette année intéressant. La poésie chinoise surtout. J’ai vu à l’exposition à Londres le tableau de la dame qui devait se séparer de ses enfants. C’est très très vieux. Les sermons aussi étaient bien, je comprends que les idées étaient bien trop modernes pour leur temps. J’emporte 6 numéros de nrf pour lire si je peux ratrapper[rattraper] ma lecture.

J’écris bien mal aujourd’hui, je suis lasse de mes préparatifs.

Quant au Daily Express, je n’ai rien su de ce que tu me dis. Je ne la connais que de nom.

Toutes ces politiques sont bien inquiétantes, on fait des gaffes tout le temps. Le fait de la tour de Babel se fait sentir encore. On ne comprend plus l’autre même quand c’est bien traduit. Puis on est surpris par les gestes.

Au revoir Jean.

Je vous embrasse tous les deux.

Bertha

As-tu reçu les photos de Dominique et aussi le phasme. Tu m’as parlé des autres et de moi [qu’en ?] penses-tu ?