Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Bertha Rhodes à Jean Paulhan, 1935-04-15 Rhodes, Bertha 1935-04-15 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1935-04-15 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
15 avril 1935

4 Blackburne Terrace,

Liverpool, 8

Merci Jean de ta lettre. Tu es gentil de m’expliquer ce qu’on fera en cas de danger alors je comprendrais mieux mais je souhais [souhaite] bien que cela n’arrive pas. Ce que tu me dis de la petite maison que ta Maman désire m’intéresse beaucoup j’aimerais savoir davantageEn 1935, il semble que Bertha Rhodes achète une maison rue des Arènes pour que Jeanne Paulhan, la mère de Jean paulhan, y fonde une nouvelle pension de famille.. Alors est-ce qu’on [peut] prévoir quand l’affaire avec le propriétaire finira ?

Crois-moi je me fais de la bile pour les affaires politiques.

Oui, tu as raison, un pays vu de distance semble agir comme un seul homme tandis qu’il [ils] se disputent tout le temps. Je ne crois pas que Mac Donald reste longtemps au pouvoirPremier ministre travailliste, Ramsay Mac Donald (1866-1937) allait perdre son siège en juin.. Mais cela me console pas beaucoup si le mal est déjà fait. Une chose qui me frappe en regardant nos deux pays, c’est que le français en temps ordinaire se laisse aller à des fantaisies, enthouse [s’enthousiasme] pour des idées étranges, ou s’inquiète de ce qui peut arriver s’il agit. Mais dès que la difficulté ou le danger arrive vite, il s’arrange pour être pratique, il fait comme tout le monde et tout le monde le fait. Excuse-moi, je crois que vous ne vous rendez pas compte de ce mouvement, nous non plus de notre mouvement inverse. En temps ordinaire, l’anglais écoute à tous les types qui ont des idées à raconter, il n’a pas l’air d’en faire grand cas mais de l’influence tout de même. La difficulté arrivé [arrivée], il se dit voilà le moment où il faut avoir le courage de ses opinions, ou il faut se sacrifier pour ses opinions principes et le voilà qui s’entête comme un Don Quixot [Don Quichotte]. C’est un peu ce que fait Mac Donald pour les désarmements.

J’ai vu ce mouvement dans le cas et les particuliersDans la marge à gauche..

Quelques jours avant la déclaration de conscription par Allemagne, on nous a fait répondre à des questions sur la League et les armements. Voici.

Doit la Grande Bretagne rester membre de la League ? Je réponds (oui)

Désirez-vous réduction d’armes par consentement [ ?] (non)

Désirez-vous abolir l’aéroplane guerrière (non)

J’ai dit (non) parce que je ne me fie pas aux promesses.

Qu’on prohibe la fabrique d’armes pour profit ? (oui)

Si une nation insiste d’attaquer une autre doit-on continuer à l’empêcher (a/ par moyen économique (oui), par moyen militaire (oui) et puis comme commentaire je dis l’idéal est paix sans peur de guerre. Si on a la volonté de paix assez longtemps, les armes disparaîtront.

Une nation n’insiste pas à attaquer, elle attaque et les autres doivent être assez fort [fortes] pour l’empêcher tout de suite. De se désarmer tandis que [les] autres s’arme [s’arment] en secret est suicide.

Malheureusement je ne cause pas avec les ministresDans la marge à gauche..

Voilà en bref et assez mal dit.

Je griffonne, j’ai hâte.

Je vais à Windermere demain pour la journée, il faut que je me couche de bonne heure pour pouvoir partir à 7.15 demain matin.

Il me surprend un peu que tu sois conseiller municipalCandidat aux élections municipales à Châtenay-Malabry, Jean Paulhan sera élu conseiller municipal le 12 mai 1935 sur la liste Front populaire de Jean Longuet, député socialiste sortant. .

Comment vas-tu et MaineGermaine Paulhan. ?

Je vous embrasse bien fort.

Bertha