Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Bertha Rhodes à Jean Paulhan, 1934-02-14 Rhodes, Bertha 1934-02-14 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1934-02-14 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
17 février 1934

4 Blackburne Terrace,

Liverpool 8

Merci de ta lettre. Elle m’inquiète un peu. Qu’est-ce que tu veux que j’y comprenne ? Qu’il sera plus prudent de ma part de ne pas venir à présent. Comment saurais-je quand le moment difficile sera passéLe 6 février 1934 avait eu lieu une manifestation antiparlementaire menée par des groupes d’extrême-droite. La situation resta instable pendant plusieurs jours.. Dans nos journaux, on parle seulement des tarrifs [tarifs ?] et des armements et que tout est tranquil [tranquille]. En tout cas, je ne sais pas encore si je serai assez remise pour arriver à Paris le 24. Il faut que je me décide le 20 pour retenir ma place et couchette.

Ma visite à cette vieille dame ne m’a pas réussi. J’ai repris mal, j’ai eu des douleurs pendant 10 jours. Ce n’est que ce matin que c’est un peu calmé. J’ai été plus prise même que je n’étais à Port-Cros dans les premiers jours, le dos et les cuisses. Je désire beaucoup venir mais est-ce que ce sera prudent ? J’ai rechuter [rechuté] deux fois déjà.

Oui ta maman m’a dit pour le « Whistler ». Il y a quelque temps quand on en a parlé j’ai demandé à le voir mais il m’a si peu impressionné [impressionnée] que je ne me rappelle même pas le sujet.

Envoie moi un catalogue si tu le pense [si tu y penses] que je vois si il y a d’autres choses qui m’intéresse.

J’aimerai [aimerais] venir dès que je peux, dit-moi [dis-moi] si tu crois que je ferai bien ou non.

Sois prudent toi !

Je ne sais pas si les anglais sont plus sages au fond mais ils prennent les choses autrement.

En 1926 il y avait une grève générale ici. On n’est pas aller [allés] jusqu’à vouloir tuer les gens. Tout le monde a eu beaucoup de patience, le moment est passé sans trop de difficulté et les gens qui l’ont arrangé n’ont pas gagné grand-chose. Le danger ici vient des gens payés par les Russes et d’autres pays étrangers qui parlent de faire guerre civile, il y a toujours certaines gens qui n’ont rien à perdre qui veulent avoir un peu de butin si l’occasion se présente.

Les sans-travail sont trop bien payés à présent mais je ne sais pas pour combien de temps le pays peut les supporter ainsi.

Quant à Alfred c’est trop tard de penser à lancer celui-là dans le commerce, il a fait de tout et perdu. Il a 64 ans et c’est un malade. Il a asthme, bronchite, hernie et Dieu sait quoi encore – il passe souvent 2 ou 3 semaines au lit. Il y est à présent je crois. On est tranquil [tranquille] pour le moment.

Mary va mettre cette lettre à la boîte pour moi. Voici une lettre bien peu intéressante, pardon !

Je vous embrasse bien affectueusement tous les deux.

Bertha