Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Bertha Rhodes à Jean Paulhan, 1929-01-13 Rhodes, Bertha 1929-01-13 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1929-01-13 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
13 Jan[vier] 1929

4 Blackburne Terrace,

Liverpool

Il me tarde de savoir comment tu vas, que tu vas mieuxEn décembre 1928, Jean Paulhan souffre des yeux et se met à écrire très gros.. Tu a [as] le droit de dire que je ne mérite pas de savoir puisque je ne t’écris pas plus souvent. Tu étais bien brave de m’écrire avec ton seul œil. Au moins j’ai pensé souvent à toi.

J’ai fait beaucoup de choses qui ne sont pas intéressantes ces jours-ci. Il fait froid, je n’aime pas le froid, je me promène dehors, j’ai froid, je rentre, je me change, puis j’ai someil [sommeil]. Le temps passe.

Je vais bien maintenant, je sens la différence depuis qu’on m’a enlevé ces sources de poison.

Le dentist [dentiste] dit que ma bouche s’est guérite merveilleusement. Il regarde son œuvre avec plaisir, c’est les dents pour manger avec qui me manquent il va m’en mettre, il prend des impressions [empreintes] avec beaucoup de précautions. Il me faut aller le voir souvent. Mais c’est pour quelques minutes seulement. Hier, je suis encore allée à Southport. La tante demande toujours à me voir, elle s’ennuie parce que son fils et sa fille ne lui causent pas.

Beaucoup de gens qui m’ont écrit ce Noël se plaignaient d’être malades.

Et ce déménagement de la nrfEn mai 1928, les éditions de la NRF s’étaient installées dans un hôtel particulier 43 rue de Beaune (future rue Sébastien-Bottin devenue aujourd’hui la rue Gaston-Gallimard). ?

Es-tu allé à Port-Cros te remettre ?Jean et Germaine Paulhan ont passé la fin du mois de décembre 1928 à Port-Cros. Tout ce que tu m’écrivais m’a bien intéressé [intéressée]. Il serait domage [dommage] de mettre des maisons quelconques à Port-Cros. Quels sont les terrains militaires dont tu parles ? Tu dis « entre les qui séparent les forts ». Oui, je crois que Mr. HenryMarcel Henry est le propriétaire de l’île de Port-Cros. quand il s’intéresse « ne laisse pas pousser l’herbe sous ses pieds ». Tristan da CunhaNom d’une île située dans l’Atlantique sud. va perdre son pasteur. Il était d’autres fois [autrefois] dans les environs d’ici. Il est tombé malade, on va le chercher et en même temps on leur amène un autre. On n’avait que deux semaines pour trouver un pasteur et l’équiper. C’est un type adventureux [aventurier] qu’on a trouvé, il va s’ennuyer là. Je suis allée entendre les chants de Noël à la Cathédrale, on a chanté parmi d’autres [entre autres] une berceuse de William Blake. Miss BarnesDans la marge : « Mme Muller ». m’a montré un jour un livre qu’elle a de lui. C’est étrange quand tu m’as montré les images de lui je n’en avais jamais entendu parler. Je suis toujours contente que Noël soit passé. Il faut faire trop de lettres, c’est  une scie. J’écris à quelqu’un avec un paquet ou une carte. Cela croise avec le leur, je leur écris mes remerciements et cela aussi se croise avec une lettre d’eux, puis s’il raconte qu’ils sont souffrants ou tracassés, il faut encore écrire leur sympathie. Ça ne fini [finit] plus.

Je tâcherai de t’écrire mieux bientôt. Si tu m’écris raconte-moi beaucoup de choses et de toi. Ta Maman me raconte – sa lettre m’arrivai [m’est arrivée] avec la tienne – que Germaine t’a très bien soigné. J’embrasse bien Germaine. Je vous souhaite tous les deux une bonne année. Je t’embrasse.

Bertha