Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Bertha Rhodes à Jean Paulhan, 1928-02-19 Rhodes, Bertha 1928-02-19 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1928-02-19 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
19 février 1928

4, Blackburne Terrace,

Liverpool

Vous avez sans doute commencé l’année mieux que moi, je suis au lit avec un gros rhume et un poumon pris. A présent, je vais bien. Nous avons justement fini les affaires du testament de Tante Annie, j’en suis bien aise.

A Windermere ce n’est pas arrangé encore. Après un tas de lettres là-dessus on m’a préparé une pétition à l’évêque de Carlisle, je l’a [ai] signé [signée] et on l’a présente pour moi devant le Consistory Court. J’attends la réponse qui doit me permettre de faire réparer l’erreur qu’on a fait [faite] pour les tombeaux.

Il y a beaucoup de petites choses qui m’occupent. Ma cousine veut redevenir sujet britannique, il faut appuyer ses demandes.

Que je réponds à ta question. Que m’avait écrit SalaDurant ses études de médecine à Paris, Salomea (dite Sala) Prusak avait résidé dans la pension de famille tenue par la mère de Jean Paulhan. Elle avait épousé celui-ci en juin 1911. en 1919 ? Voyons, ce n’est pas bien intéressant sauf comme exemplaire échantillon de méchanceté. Tu te rappelles l’occasion ? En rentrant à Paris, tu m’as donné une nouvelle adresse et tu me reprochas de t’avoir écrit peu. J’ai répondu que je t’écrirai là, que je t’avais écrit des lettres que tu n’avais pas reçu [reçues]. Elle écrit sur du papier à chiffre A[ ?] P[aulhan] : « Non, Jean ne vous écrit ni ne reçois vos lettres en cachette ». Elle continua que je « manquez [manquais] de perspicacité » si je pensais cela peut-être. Que vous m’écrivez par simple politesse. Qu’elle [approuvait ?] « plutôt par pitié » de moi. Que mes lettres étaient de la bêtise. Elle dit encore qu’elle n’était jamais trompée sur la fausseté de mon caractère que je me nommai ta sœur mais que j’aspirais à devenir ta maîtresse ou ta femme. Que même si elle venait de [à] mourir ce n’est pas moi que tu choissirait [choisirais] pour ses enfants. Elle finit par me dire de ne plus « cramponner ». Naturellement, je n’ai pas répondu. Elle n’a pas dû croire elle-même à ce qu’elle disait. Tout de même pour ne pas être cause de friction entre vous, je t’avais écrit qu’il vallait [valait] mieux que nous ne nous écrivions plus l’un à l’autre. Je sais bien que parfois je t’avais écrit des choses qui me passaient par la tête sur le moment. Je comptais sur toi de m’entendre avec un grain de selTraduction de l’expression anglaise « to take something with a grain of salt » qui signifie ici « accueillir une nouvelle avec un peu de scepticisme ».. Notre correspondance pendant la guerre m’a aider [aidée] à supporter la vie triste que je menais chez ma tante, et puis toutes tes lettres de Madagascar, tu étais toujours bien brave ! Cette lettre ne me plaît pas à écrire mais voilà j’en suis débarrassée.

Avez-vous passé un petit séjour agréable à Port-CrosLe premier séjour de Jean Paulhan sur l’île de Port-Cros date d’octobre 1925 (ou 1926 ?). Par la suite, il séjournera au fort de la Vigie loué au propriétaire de l’île, Marcel Henry. Jean Paulhan ira été comme hiver : Jean et Germaine Paulhan venaient de passer 8 jours à Port-Cros du 24 décembre 1927 au 5 janvier 1928.? C’est bien là tout le long de l’année ? Il me tarde de le voir et aussi de vous revoir. J’aimerais voyager un peu cette [cet] été. Je suis toujours très contente de mon « chez-moi ». Je me dis souvent qu’un jour je me mettrai à lire le tas de choses qui attend. Je commençais à lire « Les Hommes de la route »André Chamson, Les Hommes de la route (Grasset, 1927)., c’est très bien. Mais je ne l’ai pas continué, je le ferai. Depuis Noël, nous avons eu les tempêtes et la pluie. Les ardoises s’en vollent [s’envolent] des toits et les cheminées se rabattent, la terre est pleine d’eau. Beaucoup de gens sont malades. Au revoir,

Je vous embrasse bien tous les deux.

Bertha