Cailleux titre pseudo
merci, d’abord, de vos envois : la note de lecture de « La Vie Intellectuelle » (qui est bonne, c’est vrai. Quel est ce Kerhorre qui la signe?), puis la carte d’Italie. Depuis longtemps je fois vous écrire. Si je ne l’ai pas encore fait, c’est que j’espérais joindre à ma lettre un petit travail pour la revue – un petit travail quelconque – ne fût-ce qu’une notule – preuve au moins de ma bonne volonté. Or je n’ai rien, rien, pas une ligne. Et je n’ai même plus l’espoir d’arranger les choses avant de longs mois.
Je suis resté toutes les vacances à Royaumont (sauf une courte semaine, au début de Juillet, pour aller voir ma famille en Bretagne). Tout ce temps – deux mois donc – je l’ai passé assis à ma table, ou allongé sur le lité, devant des feuilles blanches où je tentais en vain d’écrire quelques mots censés de critique littéraire ; pour la N.R.F,
Je regrette d’autant plus cette impossibilité où je me trouve de travailler pour vous en ce moment que j’avais demandé à Marcel Arland – et obtenu – de tenir une sorte de chronique, plus ou moins régulière, où j’aurais essayé d’analyser quelques-unes des formes (et des éléments) romanesques, caractéristiques de l’époque.
Puisque je suis incapable de confectionner la plus simple note, il me faut aussi remettre ce projet à plus tard
De tout cela je ne vois qu’une explication. Lorsque j’ai terminé le Voyeur, il y a huit mois, j’avais des idées précises – grossières peut-être, mais d’autant plus précises – sur ce que devaient être la littérature en général et la mienne en particulier. Mes opinions sur cette dernière (la
Ne m’en veuillez pas ; j’ai fait ce que j’ai pu. Il n’y a dans cet abandon momentané ni pose, ni paresse, ni complaisance ou mutisme. Aussitôt que je serai sorti de ces ennuis actuels, je ferai quelque chose et vous l’enverrai bien vite. D'ici là, sûrement, je passerai à la N.R.F; un mercredi.
Je suis désolé – sincèrement désolé – de n’être pas une meilleure acquisition pour une revue;..
Mais, très amicalement, votre néanmoins tout dévoué
30 rue Gassendi. Paris (14)