Voici votre article : vous voyez que j’ai pensé au poète de l’Encyclopédie.
Romain Rolland ? je suis de votre avis. Mais le gonflage est si visible qu’il ne vaut pas la peine d’un dégonflage. Il y aurait évidemment un article à faire sur l’écrivain usé, que la politique ou la propagande mettent en sursis, et à qui elles ajoutent dans sa vieillesse une rallonge postiche de popularité. Barrès m’en a fait un jour la théorie à Charmes, – en parlant d’ailleurs d’Anatole [France], du seul Anatole. Mais que voulez-vous en dire dans la NRF, devenue la NRM, la Nouvelle Revue Moscovite ?
Gide dit quelque part que les Camelots du Roi, avant la guerre, avaient manifesté à l’Odéon contre un nommé Fauchois qui éreintait Racine dans une conférence. Et il paraît selon Gide qu’un des manifestants disait : » L’embêtant c’est qu’on va être obligé d’avaler cinq actes de Racine avant de manifester ! » Si Gide était obligé d’avaler un volume des [mot illisible] ème anniversaire, ne croyez-vous pas qu’il parlerait comme ce brave camelot ? Certainement la situation de la N.R.M., en tant que dernière tranchée de la littérature, est un peu délicate. N’avez-vous pas été tenté de laisser à Europe le morceau sur le stakhanovisme ?
Moi, candidat à l’Académie Goncourt ? Qui a rêvé cela ? Ils sont trop à en vouloir pour que j’aie des chances, et que je sorte de ma coquille.
Coquille où je suis d’ailleurs bloqué pour quelques jours encore par un traitement embêtant de rayons X qui ne me permet de bouger que dans l’enceinte de Genève et sa périphérie. C’est pourquoi on ne m’a pas vu depuis six semaines autour de St Germain-des-Prés.
Bien amicalement votre