Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'Albert Thibaudet à Jean Paulhan, 1934-10-11 Thibaudet, Albert (1874-1936) 1934-10-11 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1934-10-11 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
Tournus 11 septembre [1934] Mon cher ami

Le docteur Mourgue, qui a été cité par M. Le Savoureux, passe pour un des plus grands érudits d’Europe en matière neurologique. La seule idée d’une comparaison entre lui et le margoulin pédantesque (ô Molière !) de la Vallée aux Loups est d’un comique intense. Il a fait à la NRF l’honneur de lui envoyer une lettre rectificative au sujet du funambulesque article où le marchand de soupe votre voisin traite Bergson comme un petit garçon et même comme un client. Il a été étonné de voir que la lettre était restée sans insertion ni même réponse. J’ai exprimé l’opinion qu’il n’y avait pas de la faute du directeur, que vous aviez été malade une partie des vacances et que le numéro de la NRF étant bouclé au milieu du mois, il était venu, surtout en période de vacances, trop tard, mais qu’il n’y avait pas à douter que ce fût pour le prochain numéro.

En tout cas il paraît certain que le docteur peu savoureux n’est pas au courant des travaux sur l’aphasie. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est un neurologiste suisse, qui s’est fort étonné de cet article. Ne compromettez pas dans de pareilles histoires la NRF qui a déjà rompu des lances en faveur de la vision paroptique, et proclamé, par la plume de Romains, que Georges Dumas, qui ne croyait pas à cette fumisterie, serait châtié, [mot illisible] puni par de grands aspersions d’eau froide.

J’espère que vous vous portez bien et que Port-Cros vous a été en fin de séjour moins néfaste qu’au début. J’ai reçu les épreuves de Paillard et je les lui renvoie aujourd’hui. A bientôt, cher ami, et bien cordialement à vous

A. Thibaudet