[1927]
Dans « les Revues », je n’ai pu compléter une note au bas d’une page (référence d’un article de Gide). Si vous n’avez pas le temps de découvrir le n° de la N.R.F où cet article a paru, supprimez tout simplement cette petite note. – Vous ne m’avez pas dit ce que vous pensiez de ces remarques sur l’article de Massis ; le sujet était pourtant est assez important pour que je dé souhaite de savoir si vous m’approuvez ou non.
Vous ne m’avez pas encore parlé de ce que Gaston Gallimard a dit à Mme G. [Germaine] à propos de mes Revues. Qu'en pensez-vous vous-même et que souhaitez-vous que je fasse, ou que je ne fasse pas ?
J'ai été content de rencontrer Schlumberger. Il m’a donné les pages qu’il a écrites sur la mort de sa femme, gestes et pages qui m’ont touché.
Je viens de recevoir Numquid et tu ?, avec la signature de Gide (et de Du Bos). Dois-je y voir un rappel de Cinna ? En tous cas, ces pages m’ont plus vivement ému que tout ce que je connaissais de Gide.
Et maintenant une drôle de demande. J'ai songé à dédier un petit livre de morale qui va paraître dans « Une oeuvre/Portrait » – à Massis. A l’égard de Massis, j’éprouve des sentiments extrêmement troubles. J'ai certainement de la sympathie pour lui. Lui-même m’en a témoigné, qui m’a touché ; mais on me dit (Malraux) que ce témoignage pouvait bien être de la politique (encore que je ne voie pas...). Bref que pensez-vous de mon idée ? D'autre part, j’aime trop peu les amis de
Je viens de lire un petit livre : « Méditations profanes sur la Grâce », qui m’a plu, moins par lui-même peut-être que par ses préoccupations. Ne pourrais-je pas en dire quelques mots dans la revue (dix ou douze lignes) ?
Mme G. [Germaine] me disait : « Le titre Les Revues est mal choisi. » C'est vrai ; et cela explique un peu que ce que Gaston Gallimard a pu s’étonner à bon droit que ce que j’écris sous ce titre y réponde si mal. Il me semble qu’il a raison de dire que des extraits de revue, une Revue des Revues qui mettrait les lecteurs au courant de ce qui se publie dans ailleurs, – serait intéressante (pour ces lecteurs). Mais l’un doit-il empêcher l’autre ? La part d’information doit-elle supprimer la part de doctrine (Je me rends compte de ce que [ce] mot : doctrine a de prétentieux ; si je le hasarde, c’est que je pensais moins exprimer dans ces « Revues » des opinions strictement personnelles, que des opinions communes à ce qui a été, quoiqu’on en dise, le groupe de la nrf., et qui, me semble-t-il, l’est encore ; et qui – et c’est un très noble rôle pour vous – peut le devenir de plus en plus. De là les conseils que je vous demandais, le contrôle et la collaboration. Regardez la N.R.F d’avant-guerre ; comme les notes de l situées à la fin du n°, sur les tel article d’une revue, sur tel événement littéraire, ont une valeur de doctrine ! Comme elles semblent faites non par un collaborateur, exprimer non pas le sentiment d’un collaborateur, mais celui de la revue même ! Comme elles contribuent à donner une personnalité à la revue ! – Bien entendu, je ne me sens pas capable ni dési de les poursuivre, ni désigné pour les poursuivre. Mais j’applaudirai quand je les verrai renaître.)
– Je vais encore vous ennuyer. Qu'avez-vous enfin décidé pour Intérieur ? De toutes façons votre avis sera le mien, et sans réticences.
Dites-moi : est-ce vous qui avez mon Guide Spirituel, de Molinos ? Je ne crois pas.