Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1928 Arland, Marcel (1899-1986) 1928 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1928 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
IMEC, fonds PLH, boîte 92, dossier 095001 – 1928
Français

[1928]

nrf

mon cher ami,

L'année scolaire finit demain ; j’irai passer 4 ou 5 jours en Belgique, et reviendrai donner quelques cours aux Américaines.

Je dois faire une note sur Constant, dont je viens de lire jusqu’aux écrits politiques. Je ne connaissais pas non plus son Cahier rouge ; quel livre aimable ! Je crois que je le préfère à H. Brulard [Henri Brulard]. Quelle amicale compagnie ! Que d’émouvantes qualités n’a-t-il pas, pour qu’on lui pardonne son esprit, pour que son esprit même émeuve.

Je voudrais aussi parler de Niels Lyhne, de Jacobsen ; je l’ai, ne l’ai pas lu, mais suis curieux de le lire ; ne serait-ce que pour ne pas l’aimer et le dire, contrairement à Jaloux, qui le porte aux nues.

Fernandez viendra, l’an prochain, 3 matinées par semaine au Montcel. 10-12000F.

Marlaux est allé en Belgique. Vu Grenier qui m’a dit qu’il vous appréciait beaucoup. Voilà qui est répété.

Lu quelques lignes d’une préface de Mauriac à un livre sur Hardy : « je n’ai jamais pu lire

Tess d’Urberville en entier, tant j’avais pitié de la jeune fille, tant la cruauté de Hardy me blessait, etc... » Tendre Racine !

Ferez-vous parler des livres de Breton et d’Aragon ? Si oui, je souhaite que ce ne soit ni par un Cassou, ni par un Dupeyron. Non que je prenne déplaisir à les entendre louer. Mais quand on les loue, c’est, presque toujours, par pleutrerie ou par snobisme. L'autre jour, je lis dans un journal, à propos du livre d’Aragon « D'un bout à l’autre, ce livre est une merveille et juste doit être loué en tous points. » dans quel journal ? Dans l’Ami du peuple...

Je peux critiquer (et ne m’en prive pas auprès de vous) le choix des textes que vous publiez ; dire que Vitrac me semble aussi fade que Thérive, etc ; mais l’impression qui me reste de l’ensemble de ces textes me fait « approuver » le choix de chacun de ces textes (impression d’ensemble : portrait générique, buste de la nrf, comme une Marianne androgyne.) (Ce qui me paraît beau et rare dans la Nouvelle Revue française, au moins en principe, c’est une grande liberté à l’égard des convenances, des écoles, des partis politiques, etc ; sinon toujours à l’égard des modes. C'est son « protestantisme » (au sens idyllique du mot))

Je vous serre la main à tous deux

m.a