Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1929 Arland, Marcel (1899-1986) 1929 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1929 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
IMEC, fonds PLH, boîte 92, dossier 095001 – 1929
Français

nrf

[1929]

jeudi.

Mon cher Jean, ta lettre m’a fait plaisir. (Je croyais que tu avais des reproches à m’adresser, et que tu dédaignais même de le faire).

Quand nous sommes arrivés à la Vigie, c’était une tempête. M. Bolyne nous avait remis des clés qui, disait-il, étaient celles des chambres. Nous avons, une heure durant, sous la pluie, tenté de nous en servir. A la fin, nous avons découvert les vraies dans la cuisine. Mais impossible d’ouvrir le salon. Nous nous sommes réfugiés dans votre chambre, où nous avons dîné et dormi. - Mais tout cela, bien entendu, était très bien, et nous regretterions que cela ne fût pas arrivé.

Tout s’est arrangé les jours suivants ; nous serions tout à fait bien, n’était parfois le vent d’est , qui nous enfume, le réchaud radiateur à pétrole marche à merveille.

Janine a eu pour devant Port-Cros les mêmes réactions que moi, jadis : d’abord une admiration méfiante, puis plus de confiance d’abandon à mesure qu’elle le découvrait. Elle a fait un curieux portrait de moi, et un bon intérieur. - Je travaille quelque peu.

Le dernier vent d’est a fait des dégâts dans la toiture. Je tâcherai de décider le maçon à venir.

Je suis content que tu réunisses les Carnets du Spectateur, et que tu sembles décidé à ne plus quitter les Fleurs de Tarbes. Mais tu devrais songer à réunir en un volume de la collection blanche : la Guérison, le Pont, Aytré, les Gardiens.

Je t’écris au coin du feu, dans le salon, après dîner. Janine lit Don Quichotte. J'éprouve pour elle, à mesure que je la connais plus je la connais intimement, plus j’éprouve pour elle d’estime et de gratitude. -

Il ne m’arrive rien d’autre que de me découvrir de plus en plus pareil à moi. Peut-être aussi je ne sais quelle sorte de résonnance grandissante (mais peut-être vient-elle de cette découverte).

J'ai écrit à S. H sans lui rien cacher ; elle m’a répondu. Cette chose me navre ; mais que Janine n’en ignore absolument rien m’est d’un grand prix. - S me dit que je ne serai pas heureux ; je m’en réjouirais si elle devait l’être.

Nous reviendrons tout à la fin du mois ; le beau-frère de Janine vient nous chercher en voiture. - J'avais un peu promis à Rouault que j’irai le voir en Suisse ; ce sera pour plus tard.

Crise ne vaut pas grand’chose. J'essaierai d’en dire 2 mots.

Le L'idée des monument à « la poésie immortelle » me semble un geste surréaliste. Je n’ai aucune sympathie pour lui. Cependant, si tu juges que je dois le faire, inscris-moi pour la même somme que toi.

Affectueusement,

Marcel