Oui, il est possible que mes inquiétudes soient excessives. Et il est vrai qu’elles peuvent être dangereuses pour D. [Dominique] Nous avons eu des scènes violentes ; cela va un peu mieux à présent. Elle va demain en Yougoslavie, pour une sorte de rassemblement de jeunesse européenne, ou de confrontation ; cela lui fera du bien, sans doute. Nous irons nous-même, J [Janine] et moi (probablement avec Cl. [Clara] Malraux et J. [Jean ] Duvignaud, dans une petite île du Monténégro, et de là en Grèce. Je pense que nous reviendrons au début de septembre.
Chacun des écrivains que tu cites (Blanchot, Michaux, Queneau) – et tu pourrais en citer d’autres (Camus, par exemple, ou Mauriac...) rêve d’avoir une revue à sa dévotion exclusive. Ce sera l’une des raisons d’être de la N.R.F
Avais-tu vu G.G [Gaston Gallimard] avant son départ? Si, comme il semblait admis, la nrf. doit paraître, je voudrais bien que tu décides, une fois pour toutes, quel mois elle reparaîtra ; ceci afin que je ne prenne pas d’engagements extérieurs, qu’il me faudrait brusquement rompre.
N’oublie pas que, si tu veux te reposer et que tu ne puisses aller trop loin, tu n’as qu’à venir à Brinville, quand tu voudras.
Je t’embrasse.
Je passerai mercredi soir à la nrf. Si tu n’y viens pas, et que tu aies un mot à me dire, écris-moi à Paris ; nous partirons mercredi soir, vers 8 heures.