Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1953 Arland, Marcel (1899-1986) 1953-01-31 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1953-01-31 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
nrf
[1953]
dimanche
Cher Jean,

moi aussi, j’ai toujours un peu peur de t’importuner. Et je me dis que je ne te sers pas à grand’ chose.

*

Puis je ne me rends pas toujours compte si tu agis par conviction, par jeu, par défi ou par entêtement. Cela me paralyse. Par exemple, je n’ai pas osé soutenir jusqu’au bout ma position à l’égard du Drieu de Grenier. Et j’ai eu tort.

*

Le grand reproche de Gaston, c’est que la revue s’oriente vers un public de plus en plus restreint. - Je lui donne raison, dans la mesure où ce reproche rejoint celui que je t’exprimais voilà un mois. Et je n’oublie pas ta réponse ; et je ne la discute qu’à moitié. Mais il est vrai que la lecture de la N.R.F. est plus difficile que jadis, avant la guerre. J’ai pour Blanchot une grande estime ; je le trouve nécessaire ; mais je crois que le plus grand nombre de nos lecteurs ne peuvent  faire chaque mois l’effort de le suivre. Ce n’est pas dans les chroniques de Duvignaud, que ces lecteurs vont trouver une détente. Non plus, certes, dans les notes de Solier (oui, j’y reviens, puisque nous donnons avec raison une assez grande importance aux arts) ; il faut absolument le limiter ; il faut le compléter – mais par qui ? Je me creuse en vain la tête. Perros devient souvent agaçant. Agaçantes, les notules dont l’auteur n’a pas d’autre souci que de montrer son esprit. A quoi riment d’ailleurs tant de notules sur des livres insignifiants (presque toutes celles d’Elsen par exemple) ?

- Mais je pense que cela ira beaucoup mieux quand nous choisirons les livres à étudier, et que nous galvaniserons nos critiques ; et que nous obtiendrons une certaine cohésion.

Je t’embrasse, cher Jean

M.