J’ai dîné vendredi avec Lambrichs. Voici ce qu’il n’a pas osé dire à notre réunion :
Dans le n° d’octobre, pourquoi la note de Toesca ? - Je réponds qu’il a raison, et que nous avons accepté cette note par faiblesse amicale.
Pourquoi la note de Berthe sur Audisio ? - Il a raison ; la note n’est pas bonne ; et le livre ne méritait pas qu’on l’on en parlât comme d’un livre important.
Pourquoi la note sur A. Comfort [Alex Comfort] ? - Je me récuse ; je n’ai pas lu le livre.
Mais il est vrai que nous acceptons trop de choses par sympathie personnelle.
Toi surtout, Jean.
Tu as pris résolument parti pour toi, cela donne de l’intérêt à la revue, du piquant, du mordant ; mais cela lui retire de son impartialité.
Tu veux parler du livre de Cassou mais tu ne peux en parler qu’en partisan, en homme dont la position a été attaquée par Cassou. Tu as tort.
Tu demandes à Lambrichs de parler de Bisiaux. A quoi bon refuser à un ami de Clara M. [Clara Malraux], de parler du livre d’y celle ?
Tu refuses une note de Butor, qui n’était pas excellent, mais qui n’était pas injuste – dont le grand tort à tes yeux était de faire des réserves sur l’oeuvre de l'un de tes protégés.
J’ai lu le livre de Gérard Boutelleau. Ou la note de Rainoird est un calcul, ou elle est une faute de goût. L’un et l’autre sont graves. - Mais il suffirait de quelques coupures, pour que l’on pût la publier.
Chez Solier, ce n’est pas seulement le charabia, qui me semble fâcheux ; c’est aussi le refus de juger, la crainte de se compromettre.
Il nous faudrait dans chaque « Temps » un Duperray, un Norge...
Et, sur la poésie, un examen plus attentif