Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1954 Arland, Marcel (1899-1986) 1954 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1954 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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nrf

[1954]

jeudi

Cher Jean

Oui, tu as raison : n’ayons pas trop honte de nous. Mais je ne sais si mon article sur Mansfield mérite de venir en tête, fût-ce pour annoncer les lettres de K.M [Katherine Mansfield]; tu verras ; pour moi, aucune importance.

Déjeuné avec André Bay, à qui j’ai dit combien me blessait l’attitude de son beau-père (mais je l’ai écrit aussi à Chardonne). Il me dit ce que toi-même m’avait dit, mais que j’hésitais à croire : le ressentiment de Ch. [Chardonne] à l’égard de F. Cl. [France Cloquet] Ou plutôt des rapports qu’il nous prête. Je lui ai répondu que Ch. [Chardonne] aurait dû s’en ouvrir à moi-même, m’interroger, donner son sentiment : c’était son droit et son devoir d’ami. - il me dit aussi que Clara M. [Clara Malraux] lui avait tenu (à lui, Bay) les mêmes propos. Que d’autre part Blanzat lui avait dit que F. Cl. [France Cloquet] avait habité chez toi, et que, donc... ! (Ai-je besoin de te dire, en ce qui concerne ce donc, que 1° je ne le crois pas 2° cela ne me regarde pas 3° même exact, cela me serait parfaitement indifférent.)

Mais enfin, Jean, c’est ton sentiment qui m’importe d’abord. Il est de fait que beaucoup d’embêtements nous sont venus – non pas seulement à moi, mais à toi, à nous, à la revue) par suite de la présence de F. [France] à la revue et des causes que l’on donne à cette présence. Tu t’es toi-même plus d’une fois irrité de ses manières ; moi aussi. Nous savons tous deux, et tu l’as su avant moi, ce qui en elle méritait l’attention et ce qu’elle pouvait gagner. Elle a eu cette attention et réalisé ce gain ; comme elle le sait, elle en est devenue parfois plus agaçante, et plus vaniteuse. Ce que je pouvais pour elle, je crois que je l’ai fait. Reste à savoir si sa présence peut nuire à la revue et peut nuire à notre entente. Je te demanderai même, égoïstement, en faisant appel à ton devoir d’ami, si tu estimes que les rapports que nous avons à présent, F.[France] et moi (qui peuvent se résumer en un essai d’entraide affectueuse, mêlé de piques et de heurts) te semblent pour moi pernicieux. Si nous avons à prendre une décision qui l’écarte de la revue (et là-dessus ce que tu jugeras bon me semblera bon, et j’en prendrai toute la responsabilité), mieux vaut à présent qu’en octobre.

*

Bien entendu, je crois, comme toi, que si je quittais la revue, Ch.[Chardonne] me rendrait amour et admiration. Il se pourrait même qu’à ce moment F. Cl. [France Cloquet] en bénéficiât !

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(Mais il faudra bien s’en passer)

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Je préfère Giraudoux et même A. Fournier [Alain Fournier] à Dh. [Dhôtel] Mais je préfère Dh [Dhôtel] à Robert FrancisÉcrivain, né en 1909, auteur du Bateau-refuge qui reçût le prix Fémina en 1934, cela va de soi. Et je ne le mettrais pas tellement, tellement au dessous d’Honoré d’Urfé.

Je viens de terminer une petite préface à Est-il bon, est-il méchant !

Je t’embrasse

Marcel

Réponds-moi à la revue, s’il te plaît.

- Je n’ai pas encore relu dans son ensemble l’Histoire d’O. Mais j’en ai relu des pages, des parties, qui m’ont paru (plus encore qu’à la première lecture) d’une étrange beauté.