Si le ton de ma lettre était blâmable, je t’en demande pardon. Je ne croyais pas qu’il le fût. Voilà plusieurs semaines que j’essayais en vain de t’écrire ; finalement, je n’aurai rien fait de bon. - Injuste ? Je voudrais bien, mais ne crois pas l’avoir été.
Cette lettre aussi sera mauvaise. J’ai trop à dire ; et je ne cherche pas à prouver, si je ne peux faire sentir.
Je pourrais reprendre tous tes arguments, et répondre :
- Non, la note de Toesca n’est pas excellente ; elle est nulle, et porte sur un livre nul.
- Non, nous n’avons pas eu tort de ne point publier l’article de Grenier dans les premiers n°s de la revue : car cet article était mauvais, et c’est à nous seuls – ou plutôt à toi – qu’il appartenait alors de Drieu.
- Non, tu ne peux rapprocher la note de Cournot de ma chronique. Je me suis montré parfois moqueur, parfois dur, pour Giono ; mais non pas désinvolte ou grossier ; et je n’ai plus 25 ans. - Au demeurant,
- Non, tu ne peux rapprocher Bisiaux-Lambrichs de Malraux-Arland. J’ai montré, et je montrerai, que je peux parler de Malraux librement. C’est que nous ne formons pas un clan. Lambrichs lui-même déclare qu’il serait gêné de parler de Bisiaux.
- Quant à Clara, que veux-tu dire ? N’est-ce pas moi, qui ai refusé, puis fait recommencer, puis refait moi-même sa note intéressée sur N. Védrès [ Nicole Védrès]fort volontiers, même s’il n’y a là qu’une apparence de mal, que l’une ou l’autre s’abstienne.
….
A quel texte me suis-je « opposé » (Grenier et Cournot mis à part, et je n’étais pas le seul à m’y opposer)?
Ni à Benda, ni à Romains, ni même à Peyrefitte, ni à rien.
- Je me suis brouillé avec Simon
- Est-ce moi qui ai demandé des notes à Mme Boutmy ?
- Lambrichs ? Mais n’étais-tu pas d’accord, au début, pour accepter sa nouvelle ? Je ne la tiens pas pour excellente ; je crois simplement que l’on peut la publier ; mais peut-être ce qu’il écrit en ce moment est-il meilleur. De toutes façons, nous ne pouvons la publier avant février ou mars. S’il avait alors
- Je ne verrai plus Lambrichs, ni personne de son groupe, hors de la revue. Je veux dire que je ne me prêterai plus à entendre critique , la revue hors de notre bureau. (Et Gaston y suffirait).
- Mais ne crois-tu pas qu’il serait bon que nous nous voyions, toi et moi, seuls, hors de la revue, de temps en temps – par exemple tous les 15 jours, en déjeunant ou dînant dans un petit bistrot ?