Je suis à Paris depuis lundi. Tout va bien à la revue. Repose-toi, Dominique aussi, le mieux possible.
Je n’ai pas répondu à ta dernière lettre. C’est qu’elle m’avait peiné, et que je craignais de réagir trop vivement (Voilà pourquoi d’ailleurs, en grande partie, je suis allé brusquement dans le Midi). - Tu m’accusais de ne t’avoir pas parlé franchement, d’être allé chercher un prétexte, et tu m’indiquais ce que tu aurais fait à ma place.
J’ai toujours reconnu que je n’avais pas un caractère facile. Je le regrette de plus en plus. Mais je ne reconnaitrai jamais que j’aie pu parler, ou agir à ton égard, d’une façon qui ne fût pas franche, qui ne fût pas guidée par l’amitié.
Tu sais que je suis content (et fier) de [te?] diriger à ton côté la nrf. (diriger qui veut dire servir). Tu sais aussi que cela même ne compterait pas, si j’étais amené par là à des actions, ou pensées, dont je ne fusse ni content, ni fier.
Tu m’avais déjà peiné, au début de l’année, quand tu as répondu aux insultes que Thomas adressait à la revue, à F. [France], à moi-même (à toi aussi : mais pour soi il est facile d’être généreux) en redoublant d’amitié pour lui – ce même Thomas dont tu me disais, que homme curieux et écrivain de valeur, il n’était pas un homme estimable ; ce même Thomas devant qui, dans un déjeuner intime, nous avions parlé intimement, et qui, quelques jours plus tard, allait répéter à Solier les propos, assez hostiles, que Dominique avait tenu contre ledit Solier ; ce même Thomas qui, ensuite, demandait à Dominique et à toi de nouveaux services. - Puisque tu veux bien m’indiquer
Où tu as absolument raison, c’est quand tu dis que de tels incidents sont indignes de nous.
Je t’embrasse.
Schloezer a apporté le choix de Dostoïevski – assez intéressants.
Tout à fait d’accord sur ta conception du Bulletin.