Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1954 Arland, Marcel (1899-1986) 1954 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1954 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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nrf

[1954]

mercredi

Cher Jean,

Je suis à Paris depuis lundi. Tout va bien à la revue. Repose-toi, Dominique aussi, le mieux possible.

Je n’ai pas répondu à ta dernière lettre. C’est qu’elle m’avait peiné, et que je craignais de réagir trop vivement (Voilà pourquoi d’ailleurs, en grande partie, je suis allé brusquement dans le Midi). - Tu m’accusais de ne t’avoir pas parlé franchement, d’être allé chercher un prétexte, et tu m’indiquais ce que tu aurais fait à ma place.

J’ai toujours reconnu que je n’avais pas un caractère facile. Je le regrette de plus en plus. Mais je ne reconnaitrai jamais que j’aie pu parler, ou agir à ton égard, d’une façon qui ne fût pas franche, qui ne fût pas guidée par l’amitié.

Tu sais que je suis content (et fier) de [te?] diriger à ton côté la nrf. (diriger qui veut dire servir). Tu sais aussi que cela même ne compterait pas, si j’étais amené par là à des actions, ou pensées, dont je ne fusse ni content, ni fier.

Tu m’avais déjà peiné, au début de l’année, quand tu as répondu aux insultes que Thomas adressait à la revue, à F. [France], à moi-même (à toi aussi : mais pour soi il est facile d’être généreux) en redoublant d’amitié pour lui – ce même Thomas dont tu me disais, que homme curieux et écrivain de valeur, il n’était pas un homme estimable ; ce même Thomas devant qui, dans un déjeuner intime, nous avions parlé intimement, et qui, quelques jours plus tard, allait répéter à Solier les propos, assez hostiles, que Dominique avait tenu contre ledit Solier ; ce même Thomas qui, ensuite, demandait à Dominique et à toi de nouveaux services. - Puisque tu veux bien m’indiquer ce que tu aurais fait à ma place dans les histoires « G.G. [Gaston Gallimard]-Bulletin » (et non, tu n’aurais rien fait d’autre, je l’espère) – faut-il te dire ce que j’aurais fait moi-même dans l’histoire Thomas, ce que j’ai fait en d’autres circonstances?

Où tu as absolument raison, c’est quand tu dis que de tels incidents sont indignes de nous.

Je t’embrasse.

Marcel

Schloezer a apporté le choix de Dostoïevski – assez intéressants.

Tout à fait d’accord sur ta conception du Bulletin.