15 à 20 pp.
avant le 5. VIII.
Le jeudi 16 février 1953
J'ai reçu ce matin votre lettre, au sujet de fragments du Journal pour la N.R.F. Elle m’arrive au milieu d’ennuis sérieux, une nouvelle propriétaire, une belge folle à lier, et poussée aux extrêmes par un avocat, s’étant mis dans la tête de me faire mettre hors de ce pavillon et jardin dont je suis locataire depuis 44 ans. J'espère bien qu’elle échouera, mais, quand même, c’est du souci.
Je pense que ce que vous me demandez n’est pas pour le prochain numéro de la revue (août), ce serait un peu court pour moi. J'ai beaucoup travaillé ces temps ci à mon Journal d’aujourd’hui. Mais mon écriture n’est pas toujours très lisible. Je n’ai personne à ma disposition pour venir me taper cela à la machine. L'essai que j’ai fait deux ou trois fois m’a montré que ces donzelles sont complètement illettrées. D'autres parts, remettre mes feuillets manuscrits directement, guère disposé depuis ce jour, que m’y étant risqué au Mercure, un amateur d’autographes a subtilisé ces feuillets.
Et puis, la valeur de combien de pages de la N.R.F vous faudrait-il ?
Et puis, vous savez, pas de censure.
Cordialement à vous
P. Léautaud