Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Gabriel Bounoure à Jean Paulhan, 1929 Bounoure, Gabriel (1886-1969) 1929 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1929 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
Thiers (Puy-de-Dôme) 18, rue Conchette [1929] Bien cher ami

Votre lettre, tout ensoleillée du soleil des Baléares et toute lumineuse de votre lumière est venue me trouver dans ma chambre de malade. Le rude climat de mon Auvergne m’a gratifié d’une grippe sournoise et tenace avec bronchite & râles au poumon si bien que me voilà tousseux, aegrotant et redoutant fort de ne pouvoir aller à Paris avant mon départ pour Beyrouth, le 4 novembre. Quel ennui ! J'aurais dû être plus docile à vos amicaux conseils et ne point quitter la Provence. C'est la laideur de la maladie surtout qui m’est pénible. Et tous ces organes suspendus à nous comme des loques et des chaines !

Je ne veux point du tout que cette note sur PV [Paul Valery] ait les conséquences que vous me dites. L'univers se passe très bien de savoir mon opinion sur le Prince de nos poètes et vous savez comme je suis peu curieux d’informer l’univers de mes opinions. Donc nous avons tout le temps et si vous estimez que la NRF ne peut publier cette étude ni aujourd’hui, ni plus tard, ou je la laisserai dans mon tiroir ou je tenterai de la faire passer ailleurs. Sachez en tout cas que ce refus je ne l’attribuerai jamais à une pusillanimité de votre esprit ou de votre caractère : je vous connais un peu maintenant. Mais je connais aussi la vie et je sais que les meilleurs et les plus courageux ne peuvent pas toujours ce qu’ils veulent.

Je vous envoie une note sur Philippe Chabaneix. Elle est un peu dure. Mais pourquoi a-t-on voulu guider ce pauvre garçon sur un sommet où il ne peut rester. Ses pieds sont faits pour le trottoir et non point pour la hune de cacatois.

Croyez, cher ami, à mes sentiments très reconnaissants et fidèles.

Bounoure