Cher ami, G. [Gabriel] Marcel est venu me voir tout à l’heure. Et nous avons longuement parlé de l’imprudence qu’il y avait à prononcer des paroles en l’air. Comme je m’en doutais, vous n’étiez nullement en cause. Ce propos qu’il aurait tenu il y a quelque 8 mois ou 10 s’adressant aux éditions non à la revue ; il m’a répété à plusieurs reprises avoir admiré au contraire la liberté et l’indépendance que vous aviez montrée en publiant Grenier, etc… Il a pourtant reconnu qu’il avait eu tort de dire des choses dont il ne pouvait être sûr et qui lui avaient été inspirées par l’opinion d’une de ses amies [russes ?]. Voilà. Il était vraiment confus et attristé en lisant les 2 pages de votre lettrela NRF.ème édition. Peut-on vraiment condamner quelqu’un sur d’aussi superficielles déclarations ? Il m’a dit aussi se trouver horriblement gêné parce que comme il pensait un certain nombre de choses très favorables sur L’Homme est-il humainL’Homme est-il humain ?, était paru le 18 mai 1936.Le Dard, paraît chez Plon (1936).
Voilà : vous savez tout. Je crois Marcel incapable de mentir ; il est imprudent, emporté et naïf mais il est toujours sincère. Je crois aussi que dans la mesure où la chose est possible il ne faut pas trop l’abandonner. Serez-vous à Paris le mardi 29 ? Peut-être pourrions-nous dès à présent retenir ce soir-là pour que vous veniez dîner à la maison avant que l’année finisse. Je suis à peu près sûre qu’il ne restera plus autour de moi la moindre odeur de grippe, ni la moindre contagion. Nous serons entre nous.
Pour la M[aison] H[aute]la NRF, n°285, juin 1937).ème partie. Si je ne devine pas, ne voudriez-vous pas vous-même rectifier ? Vous me dites qu’il s’agit de traits simples que je changerais vivants et vifs remplaçant ceux qui vous paraissent morts ou languissants seraient pour moi d’un enseignement plus efficace que n’importe quelle démonstration. Et ça me ferait tant plaisir de distinguer ces grains de blé dur au milieu de mon orge pâle.
Au revoir, bon noël à vous deux et mon amitié