Dimanche [1955]
Cher ami,
Salut dans votre Port-CrosJP est à Port-Cros en octobre 1955 (cf. lettre de JP, PLH_125_020878_1955_10).. Mais j’ai en vain cherché PreuveAimé Patri, « L’eau et le feu » (Preuves, n°56, octobre 1955) à propos du livre de Pauline Réage, Histoire d’O. – rien ne fera que je ne sois en profond désaccord, non pas avec votre préface mais avec l’esprit du livre si l’on peut direCette « polémique » entre MAC et JP trouve son origine dans la lecture par MAC d’Histoire d’O. Cf. lettre de JP, PLH_125_020878_1955_07.. Mais avec ce que vous y ajoutez pour convaincre le pauvre patient que je suis.
Ce qu’avait été la « Prostitution sacrée » ?! Et dites-moi ce que pourrait être aujourd’hui encore la Prostitution ?! » Ne voyez-vous pas que nous retournons aux époques basses. Vous pouvez donc un instant admettre que la Prostitution doive encore exister ?! A notre époque ? Que des femmes qui ont un corps mais aussi un cœur et une âme doivent faire commerce de ce qu’il y a justement de plus sacré, de plus indivisible et pour la femme de plus inséparable de l’amour.
Allez-vous me dire qu’il faudrait pour elle aussi initiation et science acquise ? Non car c’est le seul domaine où la nature et l’instinct aidés de l’intelligence et surtout de l’amour se passent de tout enseignement et de toute démonstration. Voulez-vous tuer la tendresse et tout ce qu’elle peut inventer même pour le plaisir de qui elle aime. Voulez-vous mécaniser la seule chose où l’invention demeure libre et authentique parce que non divulguée, en un temps où la femme tend à trouver sa vraie place ? Voulez-vous maintenir des îlots d’esclaves, de parias, de déchues, de méprisées, etc ? Ah ! non je vous assure que le Christ était un juste et en cela infiniment plus intelligent que mes ancêtres les Grecs. N’oubliez pas que toutes les aberrations de l’instinct sexuel ne sont condamnables que si elles deviennent à la portée de tous. Nous ne pouvons décidément cette fois nous entendre.
Profitez bien de votre repos [mistralien ?] et de votre VigieEn 1925, JP découvre pour la première fois l’île de Port-Cros et s’installe l’année suivante au Fort de la Vigie qui accueillera de nombreux écrivains de la NRF. JP y revient régulièrement passer quelques semaines. – qui je crois ne veille plus sur rien. Saluez ma Corse où vous ne voulez pas aller.
Toute l’amitié de
Marie-Anne