Lundi [1955]
Cher ami. Vous êtes revenu de Port-CrosJP fait un séjour à Port-Cros durant le mois d’octobre 1955 (cf. PLH_125_020878_1955_10). ? Bien sûr que si le livre était de vous !... Et je viens de lire cet article apologétique de MandiarguesAndré Pieyre de Mandiargues, « Histoire d’O », Critique, juin 1955. Cf. lettres de JP PLH_125_020878_1955_07 et PLH_125_020878_1955_09. qui m’a tout de même infiniment moins persuadée que votre préface. Il y a là un parti pris d’enthousiasme qui me refroidit et il n’est même pas étonné le cher André Pierre ! Vous êtes vous du moins assez surpris, d’une surprise par instants délecttable et vous ne tentez – d’ailleurs très discrètement – que de nous faire passer de la surprise à la délectation : une délectation sévère comme il convient à votre vision mystique, autant que mystifiée. Que cette femme soit un écrivain – est-ce une femme ? Je voudrais la voir nue – c’est indéniable. Qu’elle ait de l’imagination aussi. Mais que vient faire ici la Religieuse portugaise ? dont la passion était purifiante, exaltante, orgueilleuse et toute d’âme. Si Pauline est une femme, elle a un cerveau, des curiosités, des vices masculins ; si elle est un homme, elle a des avachissements, des complaisances dans l’esclavage, charmes qui sont d’une femme ; hermaphrodite, elle serait plus compréhensible ; son style n’est ni mâle, ni femelle : il est actif et porte loin ce qu’il exprime. Puisse-t-elle ou il parler un jour de choses moins limitées.
J’espère que Port-Cros vous a reposé et réconforté ; il faudra venir bientôt me demander à déjeuner et dès que cela vous fera plaisir.
A la semaine prochaine j’espère et toute l’amitié de
Marie-Anne