Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marie-Anne Comnène à Jean Paulhan, 1958 Comnène, Marie-Anne (1887-1978) 1958 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1958 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Samedi [1958]

Cher ami, je vous fais porter par Placide le volume que vous m’avez prêté. Curieux petit livreYves Régnier, Le Royaume de Bénou (Grasset, 1957). Dominique Aury avait fait une critique de ce roman dans la NNRF (n° 60, décembre 1957, pp.1149-1150). : sans doute fort sincère mais encore dans les limbes m’a-t-il semblé ; comme un cliché de photo pas suffisamment révélé et qui aurait eu besoin d’un bain plus fort. Une curieuse assonance avec FromentinEugène Fromentin (1820-1856) a publié Sahara et Sahel (Plon, 1887)., le même ton ingénu mais non pas, hélas, la lumière du Sahara ou du Sahel. Et dans l’ordre purement romanesque, une étrange ruse qui tourne en maladresse : ne pas tenir ses promesses ce qui est aussi grave pour un romancier que pour un homme ?! Nous attendons des splendeurs ou des catastrophes, le prince renversé, ou fou d’amour ou assassiné… Eh bien non ce n’était qu’un petit voyage ; nous pensons à la fin qu’il va mourir ou enlever Louise, Eh bien non il guérit et se soignera pendant six mois et nous ne saurons plus rien de cet amour réveillé ni de ce petit palais promis qui annonçait la féérie des yeux et du sentiment. Je ne crois pas que le lecteur moyen pardonne ces choses mais le vrai lecteur – où se trouve-t-il ? – qui a pensé à l’avenir de l’écrivain, ou plutôt à son devenir a peut-être certaines raisons d’être confiant. Et je vois bien que Jean Grenier est confiant ce qui me paraît très significatif. Pourtant Giraudoux ou même Alain Fournier auraient tiré de cette histoire quelque chose de plus riche de plus émouvant… Régnier, à force de ne rien vouloir ajouter à sa vision élémentaire nous fait soupirer après P. Loti [Pierre Loti]. Toute l’amitié de

Marie-Anne (qui doit sûrement se tromper).

Ce n’est qu’au bout de mon 4ème cachet de phosphore que j’ai re-su que la petite ville voisine de la campagne de FrancisFrancis Crémieux, le fils de Marie-Anne Comnène. s’appelle …. Etampes !

N’est-ce pas très alarmant ?