Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marie-Anne Comnène à Jean Paulhan, 1958 Comnène, Marie-Anne (1887-1978) 1958 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1958 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Mardi [1958-1959 ?]Il s’agit sans doute d’une lettre écrite après la parution du numéro de la NNRF de novembre 1958 en réponse à la carte postale de JP du 26 octobre 1958 (cf. PLH_125_020878_1958_04).

Cher ami, me revoici parisienne ayant échappé aux trombes d’eau et autres excentricités qui se sont déversées sur l’Ile. Là-bas j’avais fini de lire Le Clair et l’obscurJean Paulhan, « Le Clair et l’Obscur » (la NNRF, n° 64, 1er avril 1958 et n°66, juin 1958).… satisfaite sinon comblée par cette aristocratie de la pensée ; sentiment qui nous est donné assez rarement dans les grandes revues, je crois, et qu’à la NRF me dispense aussi à chacune de ses pages… et magnifiquement… Blanchot. Mais jamais autant, ni aussi haut, ni aussi loin que dans cette Vocation de V.V. [Virginia Woolf]Maurice Blanchot, « La vocation de Virginia Woolf » (la NNRF, n°71, novembre 1958, pp. 865-873). que je viens de lire.

J’espère que vous êtes maintenant tout à fait reposé et beaucoup moins inquiet pour Germaine. Oui les mémoires d’Outre-tombe sont infiniment plus beaux que ceux de Vigny plus riches de tout : de haine et d’amour et je les aime aussi d’une façon un peu partiale pour toute la gentillesse envers la duchesse d’AbrantèsLaure Permon (1784-1838), future duchesse d’Abrantès, est la fille de Panoria Stephanopoli de Comnène. si injustement maltraitée par d’autres. Chateaubriand ne l’appelle jamais que M[ademoise]lle de Comnène ; il lui pardonne volontiers ses hyperboles quand elles sont louanges pour lui ; il est vrai qu’elle adorait M[ada]me Récamier… et qu’elle avait su en dire du bien à Napoléon.

Mais à vrai dire il n’y aura jamais de mémoires comparables à ceux de Chateaubriand, c’est bien entendu.

Il vous faut choisir un jour prochain (sauf jeudi) pour que nous puissions continuer cette conversation et que nous mangions les premières huîtres (premières pour moi) et vous me direz que vous avez bien travaillé et que la Vallée-aux-loups vous a complétement rétabli… tonifié et rallegrato.

Tous mes vœux pour Germaine et toute l’amitié de

Marie-Anne