Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1955 Arland, Marcel (1899-1986) 1955 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1955 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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[1955]

Samedi

Cher Jean,

Cela n’a pas été facile, de parvenir dans ce coin étrange, en plein bois, dans un trou, mais un trou de plateau, sauvage à souhait, un peu lugubre, peut-être maléfique. On prend une route, elle devient sentier, le sentier s’efface. Aujourd’hui j’ai fait à pied une bonne quinzaine de kilomètres ; j’ai vu un village de troglodytes ; et des hameaux aux toits bleus, aux murs de vitriol (on sulfate les treilles) ; des cressonnières ; à un carrefour, une pierre en pain de sucre, avec une clé rouge, une petite moustache noire et un chapeau melon : c’est Saint Pierre. Au village de troglodytes, on vient d’arrêter un conseiller municipal, de 85 ans, qui montrait son derrière aux petites filles et leur demandait ce qu’elles voyaient ainsi. Il semble que ce soit la question, plus que le geste, qui ait alarmé l’opinion.

F. [France] Ermine Cloquet-de Bie travaille furieusement à son œuvre romanesque. Le crépitement de sa machine emplit la vallée et se mêle à celui des pies.

Je t’embrasse. Amitiés à D. [Dominique]

Marcel

-Dubuffet ? Oh ? J’ai sans doute exagéré. Je n’ai même pas envie de lui dire merde.

Je verrai son exposition ; je la crois importante. Je crois aussi que toute infirmité d’âme (l’insolence par exemple) se fait sentir dans une œuvre.