C’est un curieux voyage. On ne sait quand on peut partir, on ne sait quand on arrivera. En hiver, les trains existent à peine, les cars sont supprimés ; il faut prendre des voitures postales qui mettent une journée pour faire 80 km. On ne sait où l’on arrive ; simplement, on est sûr que l’hôtel sera sans feu, et que l’on mangera du cabri.
De Calvi, nous avons gagné Corte, puis Bonifaccio (c’est, à quelques kilomètres de la Sardaigne, l’une des villes les plus étranges que j’aie vues : délicate et baroque, d’un autre temps, d’un autre monde ; une merveille). Ajaccio, pouilleux et laid ; je m’y suis d’ailleurs foulé le pied. Porto, où vécut Henri Thomas : un gigantesque paysage pré-romantique. Demain, nous irons à Cargèse, où
Les grandes familles de l’île ont leurs petits cimetières particuliers – toujours admirablement exposés, loin des villages, à flanc de montagne. Quelle indépendance dans la mort ! Et cela n’est point funèbre.
Un beau type de vielles femmes. L’abord farouche ; mais l’instant d’après elles vous racontent toute leur vie. Elles disent : « Les hommes ? Des fainéants. » Mais elles les craignent. Elles disent encore : « Nous les craignons moins qu’autrefois. » Mais que survienne le mari, elles rentrent à la cuisine.
Comme nous suivions ce matin un chemin perdu, un homme d’une soixantaine d’années est sorti d’une masure et nous a invités à goûter le vin de sa vigne (du vinaigre). C’était l’aîné d’une famille de 10 enfants. Il avait vécu en Amérique pendant 30 ans, l’hiver ouvrier d’usine, l’été garçon de ferme. Il est revenu en 1950, après avoir
Et j’en sais d’autres.
Je t’embrasse