Enfin un peu de mistral et de fraîcheur ; je commence à respirer. J’ai fait quelques promenades en voiture, soit dans la « Montagnette » (entre Tarascon et Avignon), soit derrière les Alpilles : Eygalières, Aureille… ; je découvre ou redécouvre un pays qui est beau, sauvage, d’un dessin exquis ; moins de densité que l’Auvergne, mais un esprit à qui ne manque même pas le recueillement.
La vie des mas est curieuse ; on va de l’un à l’autre en traversant ou longeant les Alpilles ; l’accueil est toujours aimable ; l’existence que l’on y mène, toujours provisoire et singulière.
Ce que je vois de Beucken confirme mes premières impressions ; il vit dans
Voici, vérifiée, l’histoire du commissaire de police de Saint-Remy. Né de père canadien français au Canada, double nationalité canadienne et française, revendiquant le titre de duc de Malapert (qui n’a jamais existé), conduite courageuse à la Libération, donc nommé commissaire adjoint à Lyon – d’où, par suite de ses ivresses trop fréquentes, on l’envoie en exil à St-Remy, dont il devient le commissaire. Il ne met pas les pieds à son bureau, fait de ses agents de police des maçons, qui lui construisent une petite maison. Pendant ce temps, il vit au café, entre l’exercice du tutu-panpan et celui de la peinture. Ivre chaque soir. Pas une contravention, et tout n’en va que mieux que dans t Remy, pour dresser établir un contrat constat d’adultère, s’adresse au commissariat, demande où trouver M. Malapert (ignorant que c’était le commissaire), et, comme il faut la présence du commissaire de police pour que le constat soit valable, c’est M. Malapert le commissaire qui établit la faute de M. Malapert le délinquant. – Puis les choses se gâtent. Un soir qu’il gagnait un mas, sur sa moto, il croit voir un chat, tombe et se casse la figure ; mais depuis ce jour, avec sa moto, essaie d’écraser tous les chats qui se présentent. Puis un inspecteur survient, qui vérifie le registre des condamnations, n’en voit aucune, et fait un rapport sévère. Cependant sa maîtresse, qu’il avait épousée, et qui n’aimait
Il n’y a que les originaires du pays qui restent secrets, même dans leurs scandales. On a fait le silence pendant des années pour qu’une mère (je la connais) n’apprenne pas que son fils avait appartenu à la bande de Pierrot-le-fou ; tandis qu’il était au bagne, elle le croyait en voyage. Elle parle de lui sur le même ton qu’elle parle de son
– J’ai achevé le brouillon de mon « Larbaud ». Je vais le mettre au point ; cela fera une quarantaine de pages dactylographiées. Veux-tu bien dire à Michel [Gallimard] ou à Raymond [Gallimard] qu’ils recevront le texte dans une dizaine de jours ?
Je t’embrasse