je connaissais (par toi, qui me l’as dit voilà 10 jours, chez Dom. Aury [Dominique Aury]) les poursuites relatives à l’Histoire d’O. Mais je croyais que l’affaire du comité des arènes s’était arrangée. Cette seconde histoire est stupide, et navrante.
J’ai, moi aussi, l’impression que nous ne nous parlons pas assez. Et comme je ne vois presque personne, ce silence m’est sans doute plus pénible qu’à toi.
Pourtant il n’est rien que je ne te dise, rien d’important. J’ai l’impression d’être sans secret (ce qui m’est agréable), mais pas toujours celle d’être compris (ce qui l’est moins).
Mais comment faire ? Je ne croyais pas nos déjeuners aussi silencieux que tu le dis. Mais, cette année, avons-nous déjeuné plus de deux ou trois fois ensemble ? Est-ce ma faute ? J’ai vécu presque au jour le jour. Et la plupart de tes déjeuners sont retenus.
De la revue même, je crois que nous ne parlons pas assez. Chacun va de son côté (je ne vais pas loin). Il y a confiance ; il y a aussi des méprises ; confiance plutôt qu’union ; pas même cohésion. Mais comment faire ?
Tout à l’heure, au restaurant, j’ai rencontré G. Lambrichs [Georges Lambrichs] qui ne m’a presque dit mot. Sans doute est-il ulcéré, parce que Ligneris n’a obtenu aucune voix au prix des Critiques.
Il m’a dit d’autre part, voilà une dizaine de jours, qu’il t’avait demandé à reprendre les « Revues » à la nrf. J’en avais été un peu ébahi.
Quant au prix des Critiques, mieux valait, certes, Un Camp que Tanguy (c’est pourquoi j’ai demandé que l’on se prononçât d’abord entre ces deux livres.) Et Cabanis, ce n’était pas très excitant. Mais enfin le résultat n’est qu’une dérobade. Et qu’espérer d’un tel jury !
Je t’embrasse