LE MANOIR
ILE DE PORT-CROS
(VAR) Télep. 2
Jean, que veux-tu dire par : « Il ne faut provoquer personne » ? Qui provoque ? Qui est-ce qui est provoqué ? - Il était entendu que Fr.[ance] Cl.[oquet] ne travaillerait plus à la revue ; tu me l’avais encore dit la veille de mon départ ; tu m’avais dit que ce n’était pas en question. Et voilà que tu m’informes qu’elle est là depuis 10 heures, met de l’ordre, tape “sur ton conseil” etc. ! - Que s’est-il passé ? Pourquoi vous jouez-vous de moi ainsi ? - Et quand je pense aux insultes qu’elle m’a jetées à notre dernière entrevue, me traitant de “menteur”, etc. !
Mais enfin, Jean, ne comprends-tu pas que je n’en peux plus, que le contact de tant de fausseté, d’ignominie et de méchanceté foncière me détruit, que j’en ai assez subi, que je l’ai assez vue, et tu le sais – pour me refuser à la revoir ? Dans mon dégoût d’elle, j’avais encore de la pitié ; cela s’est tourné en horreur.
Si l’on ne peut lui trouver une remplaçante, je me chargerai moi-même de tout le travail du bureau ; c’est facile et cela fera des économies.
Je serai demain mardi chez Beucken, au Mas de Berne, Saint-Rémy de Provence, pour 48 heures. Je te demande instamment de m’y dire par télégramme* si Fr. [France] doit, ou non, rester à la revue. Si elle doit y rester, j’enverrai aussitôt à Gaston ma démission de la revue et du comité de lecture ; je raconterai à Janine exactement ce qui s’est passé, et j’irai essayer de vivre à Varennes.
Jamais, après toutes mes lettres, et les tiennes, et nos conversations, et tout, je n’aurai songé que j’eusse à t’écrire ainsi.
Ou bien ai-je mal compris ta lettre ?
L’avant-dernier paragraphe de celle que je viens d’écrire peut sembler d’un ton péremptoire, provocant. J’en serais désolé ! Ah ! non, il ne s’agit pas de provocation, ni de coup de tête, mais des deux seules solutions que j’envisage depuis deux mois. Et ces dix jours de calme que je viens de passer à Port-Cros ont achevé de me convaincre.
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Si je dois encore dire mon mot à la nrf., je dirai qu’il n’appartient pas à Nourissier de nous “glisser” une note complaisante.
Quant à Cournot, je souhaite sa collaboration, bien sûr. Mais pourra-t-il tenir une chronique des spectacles qui ait un minimum de justice et d’information ?
*ou par lettre, si la lettre peut me parvenir mercredi (si tu la mets à la poste demain).